Fabrice Erre sera à Sète à BD Plage les 1 et 2 septembre prochains. L’héraultais, créateur du Prof, de Walter Appleduck ou de la page 2 de Spirou avec son complice Fabcaro, et de l’excellente série Le Fil de l’Histoire chez Dupuis fait un point d’étape. On va découvrir que Le Prof change de vie, enfin façon de parler, et se met aux tweets. Walter Appleduck s’offre un album. Plus encore ? Vous saurez tout en lisant la rencontre entre Fabrice Erre, toujours aussi convivial, et ligneclaire.info. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Fabrice Erre, où en est votre Prof ?
Je continuais mon blog avec le Prof. L’an dernier Dargaud a mis la série en stand-by. Ce n’est pas véritablement un arrêt définitif mais on n’a pas trouvé de solution pour relancer une parution papier. C’est avec Jean Annestay des éditions i, avec qui j’avais au départ réfléchi à ce Prof qui a finalement fait sa vie chez Dargaud et sur le site du Monde. Il m’a proposé d’utiliser les dessins du blog dans la lignée de ce qu’il avait fait avec Boucq pour les tweets de Trump. On a ajouté donc des tweets spécifiquement écrits pour les dessins pour un album. On voulait donner un relief particulier à ces dessins qui avaient donc parus sur mon blog et le site du Monde. Le personnage était lié à Dargaud mais à partir du moment où Dargaud ne publiait plus sur papier le Prof, Annestay avait les mains libres pour me proposer cet album.
Ces 100 Tweets sont dans la lignée des aventures du Prof ?
Ils rejoignent des thèmes que je traite dans les dessins. Je veux traduire l’état d’esprit des profs à chaque étape de l’année scolaire.
Il y a dans l’album des têtes de chapitres, la rentrée, l’enseignement, l’autorité. Vous n’avez jamais été critiqué par des gens voire des confrères enseignants qui trouvaient que vous alliez un peu loin en disant ouvertement les choses ? C’est assez ironique. Avec des constats un peu durs.
Je ne trouve pas. Il n’y a pas beaucoup d’ironie. Ce que vous dites m’attriste un peu car la plupart trouve cela positif. Cela fait partie de ma réalité d’enseignant mais pas négative.
Ce n’est pas méchant mais on voit bien qu’on est dans un autre registre aujourd’hui avec les élèves.
Oui le portable, les réseaux sociaux, on est un peu en décalage. Cela joue sur le ressort humoristique. Mais sans méchanceté bien sûr.
Quand vous mettez dans la copie d’un élève « La seconde guerre mondiale était une guerre chaude et il serait intéressant de voir comment se passent des guerres froides » c’est vrai ou inventé ? On dirait du Desproges.
Non c’est vrai. C’était bien dans une copie. Mais mon prof n’est pas méprisant dans sa réaction. L’élève essaye d’utiliser un vocabulaire qu’il ne maîtrise pas. Il a quand même essayé de faire quelque chose.
Donc ce recueil Le Prof en 100 tweets vient de sortir. Vous l’aurez à BD Plage à Sète. Ensuite on ne sait pas ce qu’il va devenir le Prof ?
Je continue à faire des dessins. On verra. Et il y a eu aussi un problème avec Le Monde depuis mars où j’ai interrompu la parution.
Quelle sorte de problème ?
Pas d’accord sur des questions d’ordre financier. Pas la peine d’en dire plus. J’ai essayé de discuter et je n’ai pas pu avoir de contacts avec la hiérarchie du Monde. J’ai décidé d’arrêter. Je continue donc sur mon blog.
Parlons de la page 2 de Spirou que vous signez chaque semaine avec Fabcaro. Comment en êtes-vous arrivé à cette collaboration ?
La page 2, c’est une demande de la nouvelle équipe dirigeante de Spirou il y a un an. On a préparé une page 2 qui évoque la couverture de la série qui fait la Une de l’hebdo et cela devait se passer à la rédaction. Il fallait voir les gens qui font le boulot. Une sorte de making-off avec la difficulté d’écrire sur de nouvelles séries chaque semaine. C’est volontairement décalé et c’est pour ça qu’ils sont venus nous chercher. On a carte blanche. Au début j’étais un peu inquiet. Je leur ai dit que les présenter sous leurs noms et de s’en moquer c’était délicat. Ils nous ont dit d’y aller.
C’est très drôle la page 2. Vous parlez de la rédaction mais sans y être vraiment ?
On n’est jamais allé à Marcinelle. On a le sujet de couverture et pas de contraintes. On n’a jamais eu de retours négatifs. Ce qui est plus compliqué c’est si le sujet de Une change au dernier moment.
En deux mots vous pourriez nous parler de cet affrontement Spirou vs Fluide Glacial avec numéros spéciaux et concours d’impro. C’est un peu marketing, non, mais aussi amusant et sympa ? Fluide c’est pas Spirou même si tout cela reste sur fond d’humour ?
Oui, mais depuis Thierry Tinlot il y a pas mal d’auteurs qui travaillent pour les deux titres. Et le sujet a été prépare bien sûr. Notre page 2 a participé au sujet. Je pense qu’ensuite on n’en parlera plus. Parlons de synergie ponctuelle amusante. Je ne sais pas de qui vient l’idée initiale.
Si on parlait maintenant d’un héros iconoclaste toujours avec Fabcaro, votre stagiaire cow-boy Walter Appleduck ?
Le premier album est bouclé pour parution bientôt chez Dupuis et on commence le deuxième épisode qui sera pré-publié dans Spirou. On continue dans la même ligne. Sauf qu’au début le stagiaire est en ville, une grande métropole américaine après avoir quitté l’Ouest, et c’est le shérif qui va se heurter à ce nouvel univers au moins un temps.
C’est un personnage qui a été reçu comment ?
Très bien au niveau de la rédaction mais pour les lecteurs tant que l’album n’est pas sorti on ne sait pas.
Ensuite, autre œuvre que vous signez, il y a ce remarquable Le Fil de l’Histoire chez Dupuis destiné aux enfants. Qui a eu l’idée de cette collection ?
C’est Frédéric Niffle de Spirou. Il avait depuis longtemps cela en tête, une série d’Histoire pour les enfants. On a commencé a travailler dessus avec Sylvain Savoia qui était déjà dans la boucle. Ils en ont finalisé le principe et ils ne leur manquaient plus que quelqu’un pour écrire les textes. Ils savaient que j’étais prof d’Histoire donc voilà.
En fait c’est véritablement Fabrice Erre, scénariste historien, qui est aux commandes ?
Tout à fait parce que une des contraintes donnée par Niffle c’est que cela devait être irréprochable sur le fond. Et agréable à lire. Pas facile. Il faut être très rigoureux.
Il y a une relecture ? Comment vous choisissez les sujets ?
Oui par Niffle mais pas par des historiens. Le sujet doit avoir un rapport avec les problèmes scolaires, que cela puisse être lu dans les écoles, que ce soit bien identifiable et attirant pour les enfants. Le prochain dans un mois ce sera La Découverte des dinosaures. Il n’y a pas un nombre d’albums précis. Six par an pour commencer et on verra comment cela prend.
Dernier point, d’autres projets ?
Non rien de précis car la page 2 me prend beaucoup de temps. Je suis toujours en phase de recherche avec Fabcaro mais ce sont les Tweets et Appleduck les prochaines sorties qui sont vraiment à l’ordre du jour.
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