Et si le western n’existait pas ? Enfin disons que le western est un genre littéraire, cinématographique, pas un concept historique qui raconte objectivement une étape de la grande Histoire des USA. C’est ce que défend à juste titre Philippe Pelaez récemment interviewé par Ligne Claire et qui en signe pourtant un de western, Six, une sacrée balade (premier tome Le Massacre de Tanque Verde) où l’on sent toutes les influences du cinéma, matière qu’enseigne aussi Pelaez. Eastwood, Lee Van Cleef, Rio Bravo, Les Pétroleuses, pas de héros souriants mais des opportunistes, des tordus que seul le fric motive, la vengeance ou que la violence vécue rapprochera. Pas de bonté à l’Ouest du Pecos, des flingues et de la haine à gros bouillons. Finis les couchers de soleil et la rédemption. Javi Casado (Un peu de tarte aux épinards où il avait travaillé avec Pelaez) a dessiné ce drame parfaitement où les vautours attendent de se remplir la panse.
Dans un petit ranch toute la famille a été massacrée sauf un gamin qui ouvre le feu sur des types qui passaient par là. Une balle dans l’œil et on le soigne au bordel local le Scarlet chez Mattie. Il était de passage avec le siens au ranch où a eu lieu la tuerie. Elsie une des prostituées va prendre soin de lui alors qu’il ne dit pas un mot. Chez Hettinger un curieux type raconte l’affaire, comment le gamin y a pris ses habitudes. Et puis il y a le déserteur, le caporal Jones qui va subir une punition horrible ordonnée par le colonel Wilburg. Jones à moitié mort est soigné par un Indien enfermé avec lui, Tsiishch’ili. Wilburg les oblige à un combat à mort mais les deux hommes ont un plan, s’évadent et prennent Wilburg en otage. Au patelin le gamin borgne est devenu Kid. Un riche propriétaire Helleck le prend sous sa protection et pense l’adopter. Dans le désert un convoi de religieuses est massacré par les Indiens. Une seule s’en tire, sœur Marie-Carmel qui sait se servir d’une arme. Manque plus au plateau qu’un esclave en fuite. Kid et Elsie feront les Six.
La brochette est assez classique, on se doute un peu qu’il y a anguille sous roche et que la mariée est un peu trop belle. Mais Pelaez sait raconter des histoires qui tiennent le cap. Faudra bien que tout ce petit monde s’entretue, s’associe, se trahisse dans le sang et la boue. Les Sept non six Mercenaires qui pour Quelques dollars de plus vont sonner une Charge pas très héroïque mais qui a du rythme. Solide et bien tordu le mythe. Très bon dossier sur le western en fin d’album qui remet les choses à leur place.
Six, Tome 1, Le massacre de Tanque Verde, Dargaud, 15 €
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