Comme quoi on peut découvrir, apprendre grâce à la BD et à tout âge. Avec Liber Pater, le vin aurait-il retrouvé ses lettres de noblesse ? Ce vin dont on nous parle beaucoup pour ne pas dire rabat les oreilles en le dotant aujourd’hui de toutes les vertus, avec des vignerons qui disent faire dans l’excellence mais finalement en appliquant des recettes de vinification, de production parfois éculées si ce n’est très nettes. Eric Corbeyran et Horne au dessin (Lennon) se sont penchés sur la saga d’un œnologue éclairé qui déjà collectionnait les vins quand il était jeune et s’est mis dans la tête de faire du vin comme avant 1855, en Bordelais. Autant dire que Loïc Pasquet, c’est lui le trublion, allait mettre un coup de pied dans une sacrée fourmilière. Cette biographie sous forme de roman graphique, sur aplat lie de vin, bien sûr, est une belle cuvée qu’il faut absolument lire, dans le détail, si on veut parler convenablement de cet irremplaçable nectar que nous donnent les vignes et dont Pasquet est devenu l’emblème.
A partir de là, c’est à une leçon démonstration qu’on assiste au fil des pages. Histoire, coupe et taille, greffes qui font augmenter les volumes, mulet à la place des machines, des rencontres avec des vignerons authentiques mais aussi jalousie, diktat des appellations, il sera sur tous les fronts Loïc Pasquet avec courage et détermination. Un vigneron n’est pas un viticulteur, la différence c’est qu’on ne peut pas décider de viticulture dans des collèges lointains et décalés. Un pavé dans la mare, au moins en BD, car le sort des cuvées Liber Pater, nom du dieu Bacchus donné par Loïc Pasquet à ses vins, est du domaine du succès haut de gamme. Une bouteille se vend plus cher que du Petrus. Son 2007 est considéré comme le meilleur du marché. Première victoire. Pas d’engrais, de désherbants, tri manuel du raisin mis en amphore, une offre rare et limitée, Loïc Pasquet sera accusé injustement de tricher, condamné et finalement acquitté. Son vin, son Liber Pater Graves est le plus cher des Bordeaux, il a atteint plusieurs milliers d’euros la bouteille. Et oui mais la lutte n’est pas finie. Un album indispensable qui se lit d’une traite pour mieux comprendre enjeux et objectifs pour un vin retrouvé. Très belle mise en perspective par Horne au dessin. A noter que le Liber Pater est désormais le vin le plus cher au monde.
Liber Pater, Le goût du vin retrouvé, Glénat, 25,50 €
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