Eagle-Adler, l’aigle à deux têtes, on en est au tome 3 de cette série face à face ou jumelle, entre deux pilotes qui ont échangé leur visage, leur nationalité mais pas leur caractère, ni leur passé. Pendant un combat aérien un gros éclair, le pilote allemand, raciste, nazi, d’un Fw 190 se retrouve dans le corps du pilote US du B-17, gentil, sympa mais flanqué d’un père tordu, qu’il attaquait. A partir de là, chacun d’un découvre la vie de l’autre avec sa propre vision du conflit et de son rôle. On a donc trois albums intitulés Eagle pour la version Yankee et trois autres, Adler, pour le parcours édifiant du nazi antisémite.
Retour sur ce projet à la fois fantastique dans la lignée de Ciel en ruine et basé sur l’aviation des deux guerres mondiales. Un projet compliqué cependant, deux équipes différentes au dessin et scénario, Wallace et Julien Camp pour Eagle, Patrice Buendia et Damien Andrieu pour Adler. Un scénariste commun aurait été plus souhaitable. Pour le reste, on a du mal parfois, si ce n’est souvent, à rattacher les fils entre eux. Avec le tome 3, le premier cycle se termine mais il y aura une suite. On apprécie cependant tout ces beaux avions.
Dès le tome 1 de chaque titre, on sait que les deux futurs héros sont liés à travers la guerre de 14. Le père de Hans Raeder a été tué dans une tranchée par un avion. Il en a fait un héros du ciel. James est lui le fils d’un pilote de l’escadrille La Fayette qui, blessé, ne rêve que de commerce avec l’Allemagne nazie dont il admire les chefs. Hans et James sont fous d’aviation. Ils vont se croiser à Berlin où ont lieu les Jeux Olympiques de 36. L’antisémitisme fait rage et James est interpellé pour avoir aidé un enfant juif. Revenu aux USA, James devient pilote de B-17 pendant que Hans se fait un nom dans la chasse. Voilà, grosso modo, pour la trame générale de la série. Dans les tomes 2, après avoir échangé leur corps, ils vont chacun de leur côté faire avec. Double jeu pour James, idem pour Hans qui est quand même le gros méchant de l’histoire, désolé de prendre sur la tête les bombes de ses copains mais prêt à les aider. Il va piloter le B-17 mais se faire haïr. Et croiser la route d’une famille juive qu’il a connue et réfugiée en Angleterre. On y ajoute les relations entre Goering et le père de James, la guerre qui prend un tournant contraire pour le Reich. Des Indiens devins aussi, en prime, et un Maori qui détient peut-être la clé de l’histoire pour que, enfin, ils réintègrent leurs corps respectifs.
On enchaîne avec le tome 3 et les comptes se règlent. Hans va retrouver Sailosi le Maori qui était dans les tranchées en 14 et a des pouvoirs surnaturels. On fait donc un tour dans le Pacifique en 43. On garde quand même une part du suspense pour la suite. James, sous uniforme allemand aura fait tout ce qu’il peut pour aider ceux qu’il a appris à aimer en Allemagne, même tenté un moment de garder cet uniforme, avant de déserter pour retrouver Sailosi lui-aussi. Duel au sommet pour repartir sur des bases moins fantastiques, pourquoi pas. Reste que si l’ambiance aéronautique est largement prioritaire, le scénario donne l’impression de le justifier. On est dans une collection Zéphyr très ciblée et souvent limitée scénaristiquement. Par contre sans la moindre ambiguïté historique, elle fait acte de mémoire. On a l’impression que, avant tout, il fallait que les zincs aient tout leurs boulons, les uniformes leur insignes. Il sera intéressant de voir la suite et si l’histoire reprend la main sur l’Histoire.
Adler, L’aigle à deux têtes, Tome 3, Le choix du moi, Zéphyr Dupuis, 14 €
Eagle, L’aigle à deux têtes, Tome 3, Aux sources du mal, Zéphyr Dupuis, 14 €
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