Le nom d’Albertine Sarrazin, un peu oublié, revient sur le devant l’actualité. Romancière jeune et brillante, elle signe L’Astragale, La cavale et La Traversière. Elle meurt à 30 ans à Montpellier en 1967 victime d’une erreur médicale pendant une opération. Sa mort provoqua une grande émotion et a été à l’origine d’un procès avec mise en cause de son anesthésie.
En adaptant son roman autobiographique, L’Astragale, Anne-Caroline Pandolfo rend un hommage mérité à un ouvrage qui a été le livre de chevet d’une génération, à son écriture généreuse, à un auteur d’exception qui aurait sûrement encore longtemps séduit ses lecteurs.
Quand Anne, 19 ans, s’évade, elle se casse un petit os de la cheville l’astragale. Tout au long de sa cavale, sa jambe sera sa compagne douloureuse. Anne se cache, se prostitue pour vivre, combative, violente mais libre. Il y aura Julien, l’amour fou, la jalousie, la prostitution encore pour lui donner de l’argent. Julien à la limite de l’amoureux qui la fera souffrir tout en l’aimant et du proxénète tacite qui planque Anne chez des amis de mauvaise fortune. On est dans les années cinquante. Anne-Albertine mène une vie inacceptable pour l’époque. 68 n’est pas encore passé sur la société de consommation des trente glorieuses.
On retrouve toute Albertine Sarrazin dans l’adaptation de Anne-Caroline Pandolfo, son texte, sa beauté, son originalité, son désespoir de femme-gamine revenue et capable de tout. Et puis il y a le dessin de Terkel Risbjerg, ce visage en noir et blanc, ses ombres angoissantes et ses sourires de rares bonheur. A eux deux ils rendent Albertine Sarrazin à ses lecteurs, donnent envie à ceux qui ne la connaissent pas de la découvrir, lire ses trois romans. Ils lui ont aussi donné un visage qui lui va bien, tendre et rebelle.
Une réédition de l’Astragale paraîtra chez Jean-Jacques Pauvert (qui a préfacé la BD) le 9 octobre préfacée cette fois par Patti Smith.
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