Un puzzle sans équivalence, un polar noir qui mixte, comme autant de pièces, personnages, destins, époques, on se laisse embarquer dans un ou plusieurs voyages au bout de l’enfer par David Lapham. C’est lui le créateur diabolique de Stray Bullets, un mythe dans le domaine du comics noir psychologique, véritable kermesse de paumés déjantés dont les routes sont faites, sans qu’on s’en doute, pour se croiser. On peut redécouvrir, au moins pour ceux qui connaissaient le titre, Stray Bullets dans un premier copieux album chez Delcourt. Et pour les autres, on témoigne, c’est une claque sans précédent. Avec une suite.
Été 1977, faut faire gaffe quand on a un cadavre dans la malle. Et si on crève un pneu, le cric est bien au chaud sous la jeune charmante qui dort définitivement dans le coffre. Joey a mal assimilé le décès violent de la fille, que Harry a tuée. Il a en plus la gâchette facile et son copain, Frank, avec qui il a l’habitude de faire du transport de macchabé aura du mal à le freiner. C’est bien parti pour le duo. Le même été, Ginny, une gamine, voit un double meurtre en sortant du cinéma. Le tueur, c’est un certain Scott. Perturbée, elle aime pas qu’on l’agace et plante un crayon dans le dos d’un petit crétin qui lui a manqué de respect. Mais son papa, pas souvent là, va la défendre. Sauf que le crétin va se venger et la défigurer. Mal parti aussi pour Genny. Trois ans plus tard à Baltimore, un casse tourne mal. Où est passée la came ? Sonny s’en souvient pas. Il est colère Led. Une fête pour se calmer et Scott y fait un tour. On manque de bière alors on braque l’épicerie, et on se retrouve pour une suite qui va faire dans le glauque.
Cherchez les recoupements, les croisements. L’action part en vrille en apparence mais Lapham a tout prévu. Elle a pris la route Ginny façon Bonnie et Clyde. Pour les autres même tarif. Des dingues, des allumés du bocal. Joey est dans le coup. Des années 80 en plein euphorie sanglante, les chapitres se suivent et remettent souvent les compteurs à zéro. Scott, Beth, Joey, Harry et les autres pour une symphonie dans le style Te Deum que ne renierait pas un Tarantino. Stray Bullets était sorti une première fois en version française à la fin des années 90 chez El Capitan. Mais la version Delcourt est une bonne nouvelle. Et ce n’est pas fini.
Stray Bullets, Volume 1, Delcourt, 34,95 €
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