On les connait le caporal Blutch et son sergent Chesterfield, son souffre-douleur favori. Embarqués dans une guerre qui n’a de cesse que de ne pas finir, depuis soixante albums dont le tome 60 vient de sortir, et leurs débuts sous le crayon de Salvérius puis la reprise de Lambil avec toujours Cauvin au scénario, les Bleues ont aussi inspiré d’autres auteurs. Des histoires courtes, des hommages, un album est consacré à ces variations parfois étonnantes, surprenantes, édifiantes et surtout drôles. Alors avec Blutch (l’autre), Clarke, Munuera ou Schwartz on se balade au fil d’aventures mouvementées, dramatiques dont ils se sortent à chaque fois.
On sait que Blutch la cavalerie il en a ras la casquette. Mais de là à s’engager dans les tireurs d’élite, même son sergent favori n’en revient pas. Il va juger sur pièces ce retour à l’héroïsme guerrier du caporal qui, lui, n’a pas vraiment envie de faire de cartons sur des gamins. Thierry Gloris et Denis Bodart sont à la manœuvre. Pour une histoire de corned-beef, ou bœuf en conserve bien connu, Munuera assure dessin et scénario. Le sergent est un gourmand mais il faut savoir ne pas abuser. Beaucoup d’élan dans cette défense du ravitaillement frelaté. Ensuite Aimée De Jongh va voir un petit fantôme, un tambour, et Blutch aussi tout en soignant Arabesque son fidèle et trouillard destrier qui sait faire le mort. Puis Olivier Schwartz signe Le Cousin américain. Chesterfield a des attaches sudistes. Mais la trêve familiale ne va pas être longue. Un petit air d’Autant en emporte le vent façon Bleus. Et pour la route, Clarke revisite le daltonisme. Non pas les Dalton, les daltoniens qui voient mal la couleur des uniformes. Ce qui peut-être gênant.
Un joyeux mélange graphique à dénominateur commun qui revisite la série mais le plus souvent en en gardant le ton à l’humour décalé. Un final sur le destin des Bleues. La nostalgie de la guerre, le sergent ne méritait pas une fin pareille. Humour et tendresse, sympathie vers ces deux larrons qui se la joue je t’aime moi non plus depuis des lustres sans jamais lasser leurs fans. Un vieux couple que l’on retrouve avec plaisir à chaque fois. Ce qui est le cas avec le tome 60 et l’amnésie de Chesterfield. Blutch va tout faire pour que le sergent retrouve la mémoire. Réelle ou dissimulation, Cornélius a l’œil éteint mais cela ne durera pas.
Les Tuniques bleues, des histoires courtes par, Dupuis, 19 €
Les Tuniques bleues, Tome 60, Carte blanche pour un bleu, Dupuis, 10,60 €
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