Deux titres qui ont déjà en point commun les endroits où ils se passent. Les côtes anglaises pour Lady Jane et l’Irlande du Nord pour Participations irlandaises, outre-Manche. Les sujets en suite, sociaux pour le premier avec le Children Act censé protéger l’enfance maltraitée. Merci mais pas vraiment à la Dame de Fer, Miss Thatcher. Pour le second la guerre et la paix ne font pas bon ménage à Belfast en Irlande du Nord, les vieux démons ressurgissent. L’amour aussi est largement du parcours avec Jane puis Mary. Enfin et c’est plus simple pour présenter les deux albums, ils ont le même éditeur Futuropolis et un grand talent narratif, graphique et émotionnel.
Lady Jane est de Michel Constant, déjà très british avec La Dame de fer. Cette fois il plonge à la suite du destin de Jane jeune orpheline élevée par son oncle sur la côte anglaise. A 19 ans elle fait la fête. Vingt-six ans plus tard elle tient une échoppe à gaufre, les meilleures du coin. Son parrain dont la femme, Béa, a le syndrome de Tourette, pas simple dans un bar, et veut lui confier Emma, en rupture avec sa mère. Emma mène une vie d’ado classique et rejoint la boutique de Jane qui se souvient qu’à son âge elle est tombée enceinte. Le courant passe entre Jane et Emma. Mais Jane a 19 ans a vu son destin basculer en fonction de la loi anglaise. Raison pour laquelle elle tente de mettre Emma en garde. Un très bel échange, à la fois pudique, émouvant et nécessaire. On y croit à ce duo qui a le courage et la foi chevillée au corps pour défendre une cause juste face au drame qu’a vécu Jane ado. Bel album et récit poignant au titre Beatles inspiré.
Partitions irlandaises de Vincent Bailly et Kris au scénario (il signera le prochain Tuniques Bleues) mélange amour et guerre. Tim, protestant mais qui s’en moque, a vu son père mourir pour la lutte unioniste avec l’Angleterre en Irlande. A Belfast il est client d’un bar où Mary, catholique, est la fille d’un ancien membre de l’RA. Drague subtile et un Tim nerveux, presque dangereux. Le couple prend ses repères mais Tim est prudent. Balade sous la pluie et nuit fébrile. La dernière avant que les vieux restes de la guerre reprennent le dessus. Un protestant chez une catholique même après les accords de la fin des années 90, c’est mal vu. Mary a déjà un copain joueur de foot gaélique, sport où le ballon peut aussi être porté. Tensions en famille et le puzzle se raccorde mais on ne peut pas tirer un trait sur son passé surtout en Ulster. Forte montée en puissance dramatique, dessin solide pour ce premier couplet lui-aussi prenant.
Partitions irlandaises, Tome 1, Futuropolis, 14,90 €
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