Ou plus dure sera la chute comme disait Humphrey Bogart. L’Abbé, éminent auteur qui a intégré Fluide Glacial, en apporte la preuve. Dans 3 cases pour 1 chute, il découpe en tranche le processus narratif du bon gag, celui qui tombe à pic et pas de haut. Certes ce bon Abbé n’y va pas avec le dos de la cuiller. Mais sans à priori, poète parfois, iconoclaste toujours. Du rigolo façon blagounette de comptoir ou surréalisme peaufiné, L’Abbé sonne les cloches d’un angélus qui réveille les commissures de nos lèvres gercées, les déride en joyeux sourires complices. Un trait sobre à long gros nez rouge et c’est parti. Parution le 3 juin.
Un titre et trois cases, un exercice de style qui n’est pas simple à maîtriser. Sacré Panoramix avec sa potion, ce bon Obélix qui est tombé dedans petit et qui donne ce goût infect à la mixture. Qui a dit que le bougre en était sorti ? Ça a un peu accroché. Gag donc. SMS d’une île déserte, un message à la patte d’un goéland qui arrive chez le naufragé. Qu’a t-il écrit le bougre, pas le volatile ? Non pas où il est mais qu’il a réussi à le dresser le piaf. Heureux. Amusant non ? Éthique. Des migrants naufragés recueillis dont un bébé. On le rejette à la mer, faut protéger l’espèce comme pour les langoustes. Bon, d’accord, personne n’a dit que l’humour noir était toujours de bon goût mais faut savoir oser. Et ce bon Néron, avec sa lyre de son balcon, il a mis le feu à Rome et à son public. Wharf !
L’Abbé s’en donne à cœur joie, surfe sur la chute brutale, celle qui peut parfois faire mal, rend un tantinet honteux pour le large sourire qu’elle provoque. Absurde aussi L’Abbé, un art encore plus compliqué qu’il sait porter sur les fonds baptismaux. Des gags en une case, il ne recule devant rien, mélange les genres, les influences. On rit, on l’avoue, même quand c’est légèrement gras et enrobé à souhait, du Vuillemin revisité. Le strip roi.
3 cases pour 1 chute, Tome 1, Fluide Glacial, 6,99 €
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