Dans le tome 11, le chat qui parle avait rendez-vous avec dieu et voulait passer un coup de fil au créateur de toutes choses, histoire d’avoir une vue plus précise du sujet. Dans ce nouvel épisode des aventures félines du Chat du Rabbin, toute la bande va aller faire la guerre au delà de la Méditerranée et du soleil d’Algérie. Sfar fait traverser la Mer Noire à ses héros, direction Odessa, la révolution russe et les tentations de la flotte françaises. Mais surtout il y a un chat tout rouge que sa fille a donné au rabbin pour lui rappeler le pays. Un chat avant le chat ? Incroyable mais vrai.
Une réunion d’anciens combattants de la Grande Guerre. Le Malka, Bénédiction et El Rebiboh, le lion, le rabbin se racontent leurs souvenirs mais pas question que le chat ou que Zlabya entendent. Souvenirs de vieux, à Paris, Bénédiction et El Rebiboh jouent de la guitare. Comme tout le monde et parfois ils rentrent sans avoir joué. Reste à faire le gigolo. Jacob Malka ne veut pas aller faire la guerre, partir d’Algérie à moins que son lion le suive. Comme le rat du duo de guitaristes. Mélange de nègres, de tirailleurs, de zouaves, de goumiers. Et ça commence fort dans les tranchées. Comme la cuisine qu’ils mangent épicée donc, logique on les a tous mis ensemble pas avec les francaouis. La charge à la baïonnette, en tête les Noirs et le souvenir de Django Reinhardt à Alger avant qu’il ne soit connu. Avec lequel pour dépanner Bénédiction et El Rebiboh vont jouer. Des lettres pour la famille, la chéchia sur la tête, Dixmude, Bruges, on meurt beaucoup. L’Armistice pour les uns, Odessa pour les autres, direction la Mer Noir. C’est comme le chat, on l’a pris pour un abruti, on l’a trompé. Il y a eu un autre félin avant lui mais personne ne lui en a parlé. Après tout il n’avait qu’à demander. Mais il ne savait pas lire, ni écrire ni parler. C’est déjà ça pour l’amour propre.
Retour en arrière, chroniques de guerre et impossible de prendre le prédécesseur du chat à la guerre. Zlabya l’avait donné à son papa, un matou tout rouge pour qu’il pense à elle. Et le lion alors ? Un Rabbin à Gallipoli, un officier anglais manchot, des tranchées et le chat rouge comme le fil du même nom. Une institutrice française paumée à Odessa, la révolution va gronder à bâbord et tribord. Le drapeau rouge flotte sur la flotte. La guerre certes, récit étonnant et percutant, pertinent dans lequel le Chat du rabbin numéro un à l’air un peu cruche mais incontournable. Antisémitisme, Russes blancs ou rouges comme le chat qui a vite compris que son avenir est ailleurs. Un opus qui change, Sfar rejoint Pratt dans son cahier de dessins, Kessel, des célébrités dans les pages, tout bouge et cette sanglante escapade montre une fois de plus le talent de Joann Sfar à s’approprier tous les sujets avec réalisme, émotion et aussi humour.
Le Chat du Rabbin, Tome 12, La traversée de la Mer Noire, Poisson Pilote – Dargaud, 16,95 €
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