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Le Dépisteur, les enfants perdus de la Shoah

Pendant la guerre de nombreux enfants ont été confiés à des familles d’accueil. Ils étaient juifs et risquaient le pire, leurs parents avaient fait le choix de tenter de les sauver ainsi. Mais à la Libération, dans les années 50 ces enfants n’ont pas été tous retrouvés. Samuel est un dépisteur, titre de cet album en deux volets, un ancien scout juif qui avec d’autres parcourt sur information les villages où ont été cachés des gamins qui selon leur âge ont pu oublier les leurs. Ou ont été des victimes de conflits locaux ou encore adoptés par des familles qui ne veulent pas les rendre. Antoine Ozanam est au scénario. On l’avait interviewé pour sa très bonne adaptation du Journal d’Anne Frank. Marco Venanzi a dessiné cette traque aux jeunes rescapés de la Shoah parfois tombés dans d’autres pièges mortels (Les Voyages d’Alix, l’Helvétie).

1951, Samuel assoiffé, dans le Sud de la France, à Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot, est accueilli par un homme d’un certain âge. Samuel lui confie qu’il recherche un enfant caché là pendant la guerre, un jeune juif chez les Foujoles. Mais la famille a été dénoncée aux Allemands et fusillés. L’horloger du village pourrait le renseigner car il employait Denise Foujoles à l’époque. Valentin, le facteur en charrette qui apporte une lettre à la Tondue prend Samuel avec lui. Les enfants jouent, il y a Mireille, blondinette, et une brunette, Sophie. Samuel fait un malaise en la voyant. En se réveillant il découvre à ses côtés une jeune femme au crâne rasé. Il part, arrive au village et tombe sur l’horloger qui ne tient pas à remuer ces vieilles affaires. Pourtant il lui raconte ce qui est arrivé aux Foujoles qui ont été trahis. Mais pourquoi ? Ils étaient résistants, en particulier Denise communiste mais avait une meilleure amie, Armelle, qui n’avait pas les mêmes idées qu’elle.

Une enquête pas simple du tout en fait, aux multiples implications. Les personnages prennent leur place. Samuel semble avoir des problèmes, des remords, met les pieds là où il ne faut pas. On se doute qu’il a été déporté même si la preuve, son bras tatoué est un peu difficile à deviner dans le dessin pour un public non averti. Libération, représailles contre celles qui avaient pu avoir une liaison avec un Allemand ou pire un enfant comme la Tondue de l’album. Le Dépisteur dérange, s’est fait tabasser. On ne remue pas impunément un passé peu glorieux dans une France rurale où tous et de loin n’ont pas résisté. Antoine Ozanam a repris un fond historique précis, s’est documenté. Relance bien posée en fin d’album, Le Dépisteur n’est pas au bout de sa route et peut-être de ses cauchemars. Dessin efficace, écriture cadrée, un album dont le sujet innovant aussi méritait qu’on s’y arrête.

Le Dépisteur, Tome 1, La tondue, Glénat, 14,95 €

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