Pepe Carvalho est de retour. Le privé le plus catalan de la littérature ibérique s’offre une nouvelle enquête dans laquelle le spectre du franquisme s’en donne à cœur joie. On a déjà dit que Manuel Vazquez Montalban est à Barcelone ce que Donna Leon est à Venise, un auteur dont le héros est désormais identifié à la ville dans laquelle il exerce ses talents d’enquêteurs. Brunetti, c’est Venise. Pepe Carvalho, lui, c’est donc Barcelone. Mais en plus tordu Carvalho que Brunetti. Dans La solitude du manager, il trimballe son passé et un faux air de Columbo. Une mort suspecte qui dérange et qui va raviver de vieux souvenirs chez Pepe. Dessin toujours aussi authentiquement inspiré de Bartolomé Segui sur un scénario sans trahison, au contraire de Hernán Migoya. Sortie décalée prévue le 29 mai.
1969, Pepe rencontre dans le ciel US un passager du nom de Antonio Jaumà qui travaille pour la société Petnay. 1977, Pepe est sollicité car Jaumà a été assassiné et avait parlé de lui à un ami lui disant qu’il voulait contacter le privé d’urgence. Une enquête sur le meurtre s’impose avec l’accord de sa veuve qui ne croit pas à la version officielle. Jaumà a été trouvé dénudé avec dans la poche une culotte de femme. Pepe va se renseigner sur la société Petnay qui a été l’un des bras armés du franquisme à l’étranger. Et il y a des passés, maintenant que le Caudillo est mort, qu’on préfère oublier. Pepe remonte la piste mais s’aperçoit très vite qu’il gène et que certains aimeraient bien que la mort de Jaumà reste un accident de parcours lié à une affaire de mœurs.
C’est du Montalban dans le texte et l’image, dont très enchevêtré mais finalement d’une logique implacable, longue cependant à se mettre en place à cause des flashbacks. La politique en est le moteur avec confrontation entre tendances extrêmes. Mais qui tire les ficelles ? Pepe Carvalho a sa garde rapprochée, les flics dans les pattes, des témoins qui disparaissent, un passé qui revient en force, de l’argent qui a disparu. Mais il est têtu Pepe, amateurs de bons cigares et de gastronomie. Il y a une vraie atmosphère lourde et sombre, dût aussi aux couleurs, dans cette adaptation très littéraire qui donne envie d’aller retrouver Carvalho dans les pages de ses romans.
Pepe Carvalho, Tome 2, La solitude du manager, Dargaud, 15 €
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