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Viva l’Anarchie T2, entre idéal et utopie

On a perdu les références politiques, historiques rattachées au mot anarchie pour n’en garder qu’une, sorte de qualificatif pour signifier pagaille sans ligne conductrice. Erreur car l’utopie, c’est vrai, mais aussi l’espoir que l’anarchie avait suscité en particulier au début du XXe siècle puis au moment de la révolution russe sans oublier ensuite la guerre d’Espagne, méritait d’être rappelée. Bruno et Corentin Loth (Guernica) sont allés à la rencontre, à la recherche dans Viva l’Anarchie dont le tome 2 sort, de l’une des grandes figures du mouvement, l’Ukrainien Makhno qui va rencontrer mais plus tard l’Italien Durruti. C’est ce face à face qui permet aux Loth de revenir sur les combats, les mouvances complètement oubliées si tant est qu’elles aient été bien connues qui ont failli changer l’ordre des choses et ouvrir une voie nouvelle dans les rapports humains dont Bakounine sera le maître à penser. Et qui a encore laissé des traces de nos jours.

Dans le sud de l’Ukraine va voir le jour la première commun libre, centre du mouvement anarchiste. Makhno raconte les grands principes d’égalité, de liberté. Ils sont tous travailleurs et combattants, des communistes libertaires.Villes et campagnes pourtant ne feront pas le même choix. On est après la révolution russe. Blancs et Rouges s’affrontent et les Soviets imposent leur loi. Un front commun face aux nostalgiques du Tsar. Makhno va rencontrer la leader anarchiste Maria Nikiforova qui dirige une des communes libres. Il va falloir gérer les troupes cosaques démobilisées qui veulent passer et rejoindre les Blancs. Ce sera le premier grand combat Rouges et Anarchistes ensemble, un combat gagné mais Makhno passe pour un naïf romantique.

Makhno et Durruti

Trahisons, batailles rangées ou de guérilla, les anarchistes vont affronter tous les démons que ce soit les Austro-hongrois, les Tsaristes ou les Soviétiques. En Ukraine ce sera une accumulation de morts, de coups de main glorieux mais au final perdus d’avance. Ils dérangent alors que l’ambition d’exporter l’anarchisme en Espagne est grande et sera dès 1926 mise en œuvre. C’est là où comme on le voit dans l’album, Durruti va être le leader sans oublier aussi une autre cible, l’Amérique Latine. Dire que cette histoire dans la grande est digne d’une saga romanesque est aussi vrai. En Espagne, contre Franco, ce sont les communistes qui vont éliminer les anarchistes en autres catalans. Lénine cède l’Ukraine aux Allemands, anarchistes en prime. On tirera un trait sur l’action de Trotski. Un idéal que représente parfaitement le très honnête, passionné Makhno. Le dessin a un petit côté Tardi, très réussi. On pense aussi à Pratt pour les ambiances. Deux albums importants.

Viva l’Anarchie ! La rencontre de Makhno et Durruti, Tome 2, La Boite à Bulles, 20 €

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