Un retour en arrière, une pause sur image qui permet de revenir à la création, pas de l’homme mais de la jolie Zlabya, des débuts du Chat du rabbin qui parle, pourquoi, comment ? Un tome 9, la Reine de Shabbat, qui remet un peu les pendules à l’heure, donne à son créateur (encore) la possibilité de développer les débuts du Chat. Joann Sfar rappelle les bases de son conte singulier, y mêle ce que tout bon Juif, et associé, doit savoir pour ne pas se planter en particulier pendant le shabbat. Ne rien faire, règle d’or, sois belle et tais toi, fais des enfants, la jeune Zlabya a des idées très arrêtées sur la question mais aussi sur le rôle de la femme juive ou pas dans la société, quelle qu’elle soit. Des retrouvailles émouvantes, étonnantes et toujours subtiles avec le chat, sa maîtresse, le rabbin qui tente d’expliquer le monde, et Sfar qui glisse dans son théâtre ses mots toujours autant chargés de sens.
Il était une fois une petite fille, Zlabya, dont la maman était morte et à qui son papa ne réussissait pas à dire la vérité. Ce qui pour un rabbin était compliqué, lui qui faisait prier des centaines de croyants à qui il fallait, même avec des paraboles, dire quand même la vérité. Il y avait aussi un chat, très chat, dont le rabbin se serait bien passé. Pas Zlabya. Elle va appeler son chat, mon Chat. Comme dit le rabbin, le Dieu des Juifs est rigolo et a le sens de l’humour. Dès qu’il t’aime, tu es sûr d’avoir des ennuis. Passe le temps, Zlabya grandit mais aimerait bien trimballer son frais minois à l’extérieur. Le perroquet parle, trop. Le chat le fait taire (il le croque) et du coup se met à raconter sa vie. Le Malka des Lions, une vieille connaissance, sait tout de cette métamorphose. Le chat a avalé le perroquet. Miracle mais le rabbin le ferait bien taire, définitivement. Sauf qu’il est bon, la papa de Zlabya.
Il souffre le chat, toute la journée, à entendre des histoires de Bible, le buisson à dents. Que des foutaises pour le chat iconoclaste. Un vrai cas et quand Zlabya rencontre l’amour, le chat est pour une méthode radicale. On ne change jamais les habitudes d’un chat. Lui seul peut changer celles de son entourage. Il faut en apprécier toutes les facettes, toutes les subtilités de ce chat qui parle, qui part chercher la fille du rabbin et revient avec une sole meunière. Le rabbin n’est pas non plus très doué pour raconter à des Juifs une histoire juive pour mieux leur faire comprendre le Shabbat. Il faut se mettre à leur place, c’est compliqué Shabbat. Mais l’Éternel les protège. On virevolte avec Sfar, on est à la table de Shabbat, un grand moment, le vendredi soir. Zlabya a une belle copine, Oreillette. Et elle va tenter le tout pour le tout. A elle le monde entier.
Un vrai moment de bonheur ce nouvel album dont il faut bien, comme d’habitude, décrypter, assimiler les mots, les idées. On y découvre des personnages différents que le narrateur, l’excellent Malka, fait sortir de l’ombre. Sfar serait-il le chat, philosophe, mutin, taquin ?
Le Chat du Rabbin, Tome 9, La Reine de Shabbat, Dargaud, 14,99 €
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