D’Yves Swolfs, côté western, on connaissait sa série Durango. Il avait abandonné les Colt et les grands espaces pour se donner à des périodes historiques plus romantiques, fantastiques avec Vlad ou Le Prince de la nuit. Swolfs revient au western avec Lonesome ce qui est très tendance actuellement car le genre est redevenu au goût du jour. Un clin d’œil à un autre lonesome cow-boy ? Peut-être mais plutôt dirigé vers les personnages de Sergio Leone ou Eastwood. Un solitaire, dont le nom est personne, est aussi un chasseur sur la piste d’un prêcheur psychopathe et a un pouvoir étonnant, lire dans le passé de ceux qu’il touche. Pour cette nouvelle rencontre entre Swolfs et le western il fallait du punch. Swolfs y a mis tout son savoir faire.
Au milieu du XIXe siècle le Nebraska est pour l’abolition de l’esclavage. Le Kansas voisin, pris entre deux feux proche du Missouri esclavagiste, va être ensanglanté par des raids entre partisans des deux camps. Dans une auberge de campagne sous la neige, un cow-boy semble attendu par un trio de tueurs. L’homme, Lonesome, est à la recherche d’un prêcheur, Markham, qui viole et frappe les femmes pour les remettre selon lui dans le droit chemin. Les armes sortent des étuis. Les trois hommes qui devaient abattre le cow-boy solitaire finissent sur le plancher du saloon. C’est à Holton que se trouve Markham et sa bande qui prône à sa façon l’abolitionnisme et veut enrôler des hommes pour se battre au Missouri devant Marcus le journaliste du coin et Lucy, une prostituée rebelle. Aidé par le maire du village, Harper, qui le laisse agir, Markham commet un premier massacre dans une ferme voisine pour faire accuser les sudistes. Seul le fils du couple a été épargné et Lonesome le recueille. L’enfant a vu le meurtrier et peu le décrire.
Yves Swolfs met en place dans ce premier tome les bases de son intrigue. On pourrait se laisser prendre par l’idée d’un scénario classique, le sympa anonyme qui un passé à dévoiler, un peu medium en prime, le méchant qui finira mal, le journaliste courageux et quelques malfaisants qui tirent les marrons du feu. C’est bien une partie du fond mais pas que. On aura sûrement des surprises. Swolfs brouillent les cartes par moment, tout en apportant une critique assez politique et a développé avec précision les profils psychologiques des personnages. Ce qui est aussi une des bases des bons westerns. Il y ajoute un environnement historique mal connu, des duels à profusion et un héros qui ne fait pas dans le demi-mesure. Côté découpage, dessin, on a affaire à un professionnel talentueux. Pas mal de textes par contre qui parfois prennent le pas sur l’ampleur du dessin. Swolfs s’est offert un western très cinématographique, efficace, encore une fois assez proche de Leone. Un condensé comme dit Swolfs. A suivre car Lonesome avec sa carabine Henry a du pain sur la planche et sa vie à nous dévoiler.
Lonesome, Tome 1, La piste du prêcheur, Le Lombard, 14,45 €
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