Cinq copains, quatre garçons, une fille et des prénoms qui commencent par lu. En cinq albums, ils ont vécu en direct le conflit de 14-18 avec Régis Hautière et Hardoc au dessin. Mais il manquait un épisode à cette Guerre des Lulus, leur séjour en Allemagne en 1916. Pourquoi, comment ? On saura tout dans le premier tome du diptyque La Perspective Luigi qui sort le 6 juin. Ce texte a paru aussi dans le numéro de ZOO du mois de mai 2018. Par Jean-Laurent TRUC.
Ils s’étaient échappés d’un orphelinat au début de la guerre de 14. Soudés par une amitié à toute épreuve, ils ont survécu comme ils ont pu en zone occupée par les Allemands les Lulus. Ils sont même allés faire un tour à Berlin en se trompant de train, à la Fernandel dans La Vache et le prisonnier. Régis Hautière revient dans le diptyque sur cette balade outre-Rhin que raconte Luigi, un des Lulus, à un journaliste en 1936 : « L’action se passe du printemps 1916 à l’été 1917. Une période que l’on n’avait pas pu traiter dans la série mère parce qu’on avait choisi de faire un album par année de guerre. Arrivé au tome 3 en 1916, je me suis aperçu que mon histoire tenait sur trois semaines. Dans l’album suivant on devait les retrouver en 1917. C’était une ellipse importante. On les voit prendre un train à la fin du 3. Je trouvais dommage de traiter sous la forme d’un flash-back rapide ce qui s’était passé ».
D’où ce retour à Berlin où les Lulus se joignent à une bande d’enfants des rues, un petit côté Peter Pan de Loisel ou Seuls de Velhmann. « Je voulais rester réaliste sur le fond même si c’est une fiction avec de vraies références au Berlin de cette époque grâce à un illustrateur qui a dessiné des gamins de rue comme Poulbot en France et photographié des lieux méconnus ».
Cuvillier a remplacé Hardoc au dessin pour ce diptyque rappelle Hautière : « Damien Cuvillier avait fait le story-board du tome 3. Le rythme était soutenu et il avait aidé Hardoc. C’était donc une façon de le remercier avec une histoire où il était totalement aux commandes. Comme on changeait de narrateur, c’était aussi intéressant de changer d’univers graphique ». Un dessin un peu à la Vallée, abouti qui mélange réalisme et caricature légère.
Les aventures des Lulus ne sont pas finies. Après l’Allemagne on va les retrouver en 1919 mais pas question pour Hautière de les amener, adultes, en 1939 : « On a décidé de continuer, l’après-guerre des Lulus. Pas plus loin. Avec Hardoc on fera des albums avec à chaque fois un interlocuteur et un point de vue différent ». En comptant les deux albums de Luigi, cinq tomes sont prévus au total.
Côté scénario Régis Hautière travaille aussi sur Héros du peuple avec Vatine et Boutin-Gagne, Les Spectaculaires chez Rue de Sèvres, Aquablue et a un projet avec Aouamri. Et pourquoi pas revenir peut-être aussi à une BD plus jeunesse comme les Lulus qu’il a créé pour faire plaisir à sa fille. Il avait eu raison.
La Guerre des Lulus, 1916, La Perspective Luigi, Tome 1, Casterman, 13,95 €
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