Le Château des animaux Tome 3, c’est cette fois un exemple de résistance passive qui risque de se retourner contre ses acteurs et la très volontaire Miss B. Dans cet avant-dernier album, La Nuit des justes, Xavier Dorison et Félix Delep de son crayon sublime donnent au cheptel sous emprise des airs de résistants à la fois décidés et indécis. On est toujours autant subjugué par le trait et le scénario très travaillé, ajusté de Dorison, loin d’être neutre avec un Sylvio manipulateur en diable.
D’où vient le terrible Silvio avant d’être ce taureau cruel ? Il y a parfois des traumatismes qui en disent long sur le futur. N°2 devient le molosse N°1 et reçoit une leçon de son Président. Les chiots de l’ex numéro 1 viennent pleurer auprès de Miss B que leur mère traite d’hypocrite avant de quitter le château. Miss B a des états d’âme. Les animaux voudraient qu’elle remplace Sylvio. Mais elle aussi a un passé douloureux. Le rat Alezar que l’on croyait mort est de retour, devient le mentor des animaux en guerre psychologique. Miss B réagit, brandit l’étendard à fleurs de la révolte. Bella, épouse très intéressée de Sylvio, reprend la main, le conseille, une vipère la vache. Provocations, tortures, arrestations, rien n’y fait. Les animaux ou Sylvio, plus malin qu’on ne croit en dictateur, qui va gagner cette partie de poker menteur ?
Réjouissant et politique évidemment, on pourrait presque rattacher le tout à des épisodes de notre Histoire. La marguerite pour la liberté, Sylvio au poteau. Lui il a ses fidèles contre la mule très chatte. Sauf qu’il est rusé le bougre. On est charmé par ce Château superbe et généreux. Solidarité comme arme fatale ? Le courage de Miss B va être mis à rude épreuve. Superbe.
Le Château des animaux, Tome 3, La nuit des justes, Casterman, 14,95 €
Belle chronique. C’est effectivement un tome 3 très réussi une fois de plus. Le dessin de Félix Delep fait toujours mouche. Il me tarde déjà le 4ème et dernier tome pour découvrir la conclusion de cette histoire.