Il y a parfois des situations qui transcendent un destin, le rendent hors normes sans pour autant que celui qui est concerné ne pense avoir été exceptionnel dans son genre. Non, il a agit comme son cœur et sa conscience lui dictait de la faire, par patriotisme, par passion, par reconnaissance pour son pays. Le Héros du Louvre raconte une histoire vraie et c’est Élie Chouraqui qui l’a écrite. Le cinéaste dont on aime tant les films est aussi scénariste BD depuis les années 2010. Il rend hommage à son propre grand-père à travers le personnage de Babi Maklouf de confession juive qui a passé son enfance en Algérie. Il est français et rêve de la métropole où il va venir, avec sa famille. Il travaille au Louvre et c’est la guerre en 1939, l’invasion et le risque que les Allemands pillent le Louvre. Alors, avec femme et enfants, Babi va tenter le diable mais sauver avec d’autres le patrimoine national. Un récit que Letizia Depedri avec un joli style a mis en images. C’est sa première BD très prometteuse.
Babi Maklouf, désormais grand-père parfait, est aujourd’hui bien fatigué. Élie son petit-fils militaire revient en permission et avec son frère Maurice va à son chevet. Il va lui raconter l’enfance de Babi en Algérie dans une famille juive où pendant sept ans il en pourra voir ses parents de peur qu’il ne meure jeune. Ensuite Babi aura à vivre le départ de son père en France pour se battre et mourir dans les tranchées. Il doit arrêter l’école pour aider sa mère. Il tombe amoureux, épouse une jeune fille, Lucie, qui lui donne cinq enfants. Il embarque tout le monde pour Paris, le cœur du monde à ses yeux. Il se passionne pour le Louvre et ses chefs d’œuvre. Il postule et y devient veilleur de nuit. On est en 1939, les Allemands envahissent la France. Un bref espoir et c’est la fin. Son fils ainé comprend que le pire est à venir car ils sont juifs. Au Louvre aussi on prévoit le pire, le vol des œuvres par les nazis. Il faut les évacuer. Le conservateur (Jacques Jaujard) a mis un plan en place, réquisitionné des camions et demande à ses employés de les conduite vers des châteaux où elles seront cachées. Babi accepte d’en conduire un mais à condition que sa famille vienne avec lui.
La suite c’est l’exode, les Stuka qui mitraillent les routes, Babi qui tombe sur une colonne allemande, son fils qui reste à Paris pour résister. Ce n’est qu’un début et ils évitent le pire mais comment tout cela va-t-il finir ? Élie Chouraqui sait ce qu’est un bon scénario, ses ressorts et c’est une histoire vraie. On ne peut que penser ensuite au Vel d’Hiv, aux lois de Vichy qui sous prétexte de religion vont chasser les Juifs, les tuer, les déporter alors qu’avant tout ce sont des Français qui ont défendu leur pays, la France comme Babi et son père avant lui. Une histoire à plusieurs entrées importantes et à replacer dans son contexte pour ne pas oublier.
Le Héros du Louvre, Tome 1, La Joconde a le sourire, Glénat, 12,50 €
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