Avec ce tome 2 de la Biographie du Caravage, on atteint des sommets. C’est sans conteste l’un des meilleurs albums de Milo Manara. On avait dit, pour le tome 1, combien l’auteur avait investi le personnage de l’un des plus grands peintres de l’histoire de l’art. Trois ans après, cette suite, qui vient clôturer la biographie, est un très grand moment de poésie, d’appréhension d’une âme torturée, complexe et incapable de connaître la paix. Et puis il y a la vision de Manara sur l’homme, sur l’œuvre que font resplendir des décors dignes des plus beaux paysages peints au XVIIe siècle. Un hommage à découvrir absolument, dans lequel il ne faut pas hésiter à se plonger, picaresque, flamboyant, un opéra des sens et de l’art. Un dessin éclatant. A noter que Manara s’expose à Bruxelles chez Huberty et Breyne. A ne pas manquer aussi lors d’un passage à Paris, l’exposition Les années romaines de Caravage au musée Jacquemart-André jusqu’en janvier 2019.
Des saltimbanques, près de Rome, on y amène le Caravage blessé. Il est recherché mais les bohémiens (dont une qui a le visage sauf erreur de Simone Signoret) le soigne avec l’aide de la belle cavalière Ipazia. La comtesse Colonna le retrouve et va aider les saltimbanques. Guéri, le peintre se remet au travail, choisi ses modèles et peint la Cène. Mais la garde retrouve sa piste. Ipazia détourne son attention et s’entiche du Caravage à qui elle offre une vision très réaliste de l’extase qu’il va peindre aussi. Il part à Naples et rejoint la comtesse. Très sollicité, il accepte de faire une toile sous forme de retables. mais il est toujours sous le coup d’une condamnation à mort par le Pape. Il part pour Malte pour tenter de devenir un chevalier de l’ordre et être ainsi protégé. Son talent est son meilleur ambassadeur. Si il est investit l’Ordre demandera sa grâce au pape.
Un parcours de vie incroyable, un artiste à la fois adulé et qui risque sa vie, capable aussi de se mettre dans des situations impossibles, Milo Manara en a décelé toutes les failles et les qualités. La reprise de ses œuvres par Manara, le port de Naples ou les quais de La Valette sont d’une finesse incomparable. Il y aussi la haine de son ennemi Roero et puis la lente descente aux enfers. Un aventurier et artiste de génie, Le Caravage aura une fin à l’image de sa vie tourmentée. Du très grand Manara.
Le Caravage, Tome 2, La Grâce, Glénat, 14,95 €
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