Un nouveau diptyque pour Largo Winch après les Voiles écarlates toujours bien sûr avec Philippe Francq au dessin plus éclairé et Eric Giacometti au scénario beaucoup plus actuel qu’auparavant. C’est une évidence flagrante appréciable. Largo Winch rattrape un peu le temps perdu, se relance depuis deux albums dans un environnement modernisé, plus simple d’accès mais efficace en diable, concis. La Frontière de la nuit passe la vitesse supérieure, s’ouvre à ce qu’on appelle les nouvelles technologies, le tourisme spatial et le lancement de satellites, la lutte contre le travail des enfants. Le tout sous la forme d’un thriller certes toujours à bases économiques mais accessible, un thriller avec un tueur, de belles et actives héroïnes, du Largo Winch revisité pour son plus grand bien.
Le milliardaire Largo Winch s’invite aussi chez Huberty & Breyne à Bruxelles du 10 novembre au 04 décembre 2021 pour une exposition exceptionnelle. Il ne sera pas seul, bien entendu, car depuis plus de trente ans les vies de Largo et de Philippe Francq sont étroitement liées. Philippe Francq et Largo Winch offriront aux visiteurs l’occasion de découvrir des dizaines de crayonnés à la mine de plomb, plus extraordinaires et virtuoses les uns que les autres et tous issus de cette série monumentale aux 11 millions d’albums vendus. De « L’Héritier » paru en novembre 1990 au 23ᵉ opus, « La frontière de la nuit » qui paraît ce 5 novembre 2021. 31 ans presque jour pour jour.
Il faut qu’il fasse un flash-back Largo quand il se réveille dans ce qui semble être une navette spatiale survolant la Terre. Comment en est-il arrivé là ? Un type se fait éclater les tympans et griller le cerveau par un tueur pour avouer où il a planqué une clé USB. Il a eu le temps de téléphoner à une certaine Iana en Californie, alors que Simon drague à Londres façon lourdingue avant que Largo ne lui demande de le retrouver en Indonésie sur l’île de Bangka. Largo y est incognito avec Silky pour visiter une usine du groupe où des enfants travaillent sous contrainte. Pas content Largo que son groupe sans qu’il le sache pratique ce genre de trafic. Dans la Silicon Valley le couple Manskind se moque du modèle Winch, gardien du musée de la vieille économie alors qu’eux sont en pointe sur le net, l’espace, le luxe.
On sait immédiatement qu’il va y avoir de la compétition, (dure ou amicale ?) entre Largo et Manskind dont la signification en français n’est pas un hasard. Plusieurs affaires se recoupent entre l’Indonésie et un journaliste qui suit la piste du trafic d’enfant, Manskind, le tueur, quelques sosies de Sinatra à John Wayne, un gourou conseiller en projets innovants, les activistes de We Blue. Le tout est parfaitement articulé sans lourdeur, se complètent tout en gardant en réserve une bonne marge de suspens, efficace. Normal, on est dans un diptyque. Philippe Francq a élargi son découpage, le texte est clair, précis. Le dessin s’est allégé sans pour autant perdre ses repères. On est bien dans du vrai Largo Winch mais revu et bien corrigé.
Largo Winch, Tome 23, La frontière de la nuit, Dupuis, 14,95 €
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