Il y a parfois des hasards, des télescopages scénaristiques à peu d’intervalle. Prenons Ceux qui n’existaient plus de Mangin et Pelaez. Une manipulation scientifique en Russie, projet Anastasis, est à la fois un huis-clos dans une clinique, une enquête où l’action se mêle à la science, un polar politique au final. Avec Dusha on flirte avec un scénario cette fois sous la Russie de Lénine, de Staline, de toute la clique de tueurs sous couvert de communisme. Le but transformer en armes le pouvoir de l’esprit de quelques cas géniaux et dangereux. Mais le chef du projet pourri dans un goulag. Francisco Ruizge (La Part de l’ombre) est aux commandes de ce premier album plus classique et moins surprenant que le précédent.
Il casse des cailloux le professeur Loujine et n’a pas grand espoir de s’en tirer. Il se souvient qu’il a participé à la révolution russe et s’en est tiré avec une jeune fille. Sauf que depuis Mijail son chauffeur est devenu un boxeur réputé aidé par le général avec lequel il a affronté les Polonais en 21. Mijail a une fille Malyskha, sa mère est morte. Les pouvoirs de la fillette sont prodigieux. Loujine est subitement libéré du goulag par le NKVD à condition qu’il retrouve ses cobayes du projet YM dont la plupart ont été abattus par la Tchéka. Il lui faut Malyskha. Contrôler les esprits, dans un régime totalitaire, en 1937, il y a de l’avenir. Le mécanisme va peu à peu recréer ses rouages avec des individualités d’exception. Télépathie, lévitation, il y a Martina qui excelle.
Un thriller noir, des yeux blancs pour une petite fille, mais pour en arriver où ? Expérimentations plausibles à la nazi, des personnages fors et une belle reconstitution de l’URSS stalinienne. Un diptyque bien cadré et angoissant, menaçant même car plausible. Sauf qu’il faudra bien trouver une issue crédible.
Dusha, Tome 1, La fille de l’hiver, Glénat, 14,50 €
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