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La Cuisine des ogres, Blanchette ou blanquette ?

Fabien Vehlmann inaugure une série pas banale, à la fois terrifiante, séduisante, une ambiguïté qui donne à La Cuisine des Ogres un fumet, si l’on peut dire, très alléchant. C’est Jean-Baptiste Andréae qui d’un trait fort beau, fin et aussi capable de déclencher des frissons, en assure le dessin. On dira qu’il ne faut pas non plus s’attendre à La Belle au Bois Dormant. Joli mais pas pour vos plus jeunes lecteurs. Alors que se passe-t-il dans le massif de La Dent du chat ? Des ogres fines-gueules du style à aimer les trois étoiles font dans la chair humaine de qualité. Sauf qu’il va y avoir une candidate au profil capable de remettre en cause la politique culinaire de ses monstres affamés.

Quand il y a des nuages sur La Dent du chat en Savoie, c’est que les fourneaux sont allumés. Et les gosses du coin savent pourquoi. Ils sont plusieurs avec Blanchette à se cacher. Ils n’ont presque rien à manger et Blanchette est leur souffre-douleur. Elle a les cheveux blancs quand soudain les enfants voient un panier plein de victuailles. Il se jettent dessus, ne peuvent s’en détacher, s’endorment. Le panier est un appât qui pend au bout de la ligne de Grince-Matin perché sur un toit. Les ogres font leur marché. Blanchette réagit, il fait nuit, elle crie mais personne ne bouge. Seul un chevalier, De Saint Ombre, la prend en croupe sur son cheval Caracole et poursuit Grince-Matin. Qui est un vieux roublard. Pas gai non plus pour Blanchette qui est passée sans le savoir par la Pierre percée et sait désormais où est le vrai repère des ogres. Dans le grand sac avec tous les autres aloyaux en puissance, chevalier compris.

Il y a du monde et de tous les milieux dans le sac. Puis ce sera la prison sur la place du grand marché des ogres. Tout ne fait que commencer. Qui va emporter le gibier ? Blanchette sera-t-elle transformée en farce à boudin ? Ambiances, décors, dialogues, c’est du grand art que Jean-Baptiste Andréae a mis en images avec un talent incontournable. Fabien a dû bien s’amuser. On a un petit côté farce, pas à boudin, mais grand-guignolesque. Ils ne sont pas tristes ces ogres, Grangousier compris (relisez Gargantua), et le banquet, ogresse en prime, vaut le détour. On se régale, vous en reprendrez bien un petit peu, beaucoup ? Assurément et Blanchette est une héroïne qui ne manque pas de nerfs et n’est pas sortie de l’auberge. On n’en dit pas plus. Un des meilleurs titres du moment.

La Cuisine des Ogres, Trois-fois-morte, Éditions Rue de Sèvres, 20 €

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