On avait déjà dit que Algérie une guerre française faisait penser aux romans de Cecil Saint-Laurent, les Agités d’Alger sorti en plusieurs volumes à partir de 1961. Cecil Saint-Laurent n’est autre que le pseudo de Jacques Laurent, le grand auteur prix Goncourt et Académicien connu aussi pour Caroline Chérie. La trame de la série de Philippe Richelle et Alfio Buscaglia au dessin est sensiblement la même mais difficile de faire autrement, des femmes et des hommes des deux bords dans le contexte bien réel des évènements chronologiquement datés avec personnages historiques très présents. On le sait depuis le superbe travail de Ferrandez. La Bataille d’Alger (Pontecorvo en va tiré un film très moyen) est le thème de ce tome 3. Richelle au demeurant très fiable fait l’impasse sur les détails de certains évènements comme l’arrestation de Ben Bella fin 1956 qui n’est en fait que l’un des membres importants du FLN. Son avion parti du Maroc sera dérouté par l’aviation française sur Alger aéroport de Maison Blanche au mépris de toutes les lois internationales. Idem pour la mort d’Ali Lapointe dans la casbah. Les paras feront sauter sa maison. Mais on comprend que tout ne peut pas être raconté dans un album. Reste donc la Bataille d’Alger et là, pour des raisons très personnelles, on en sait beaucoup sur les conditions, le début, l’action des paras en tenue camouflée dans les rues d’Alger.
Arrestation des leaders FLN que la France serait bien allée chercher au Caire pendant l’Opération de Suez avec l’Angleterre après la nationalisation du canal. Veto US et de l’URSS, la Force H ou A (l’opération Hamilcar et Amilcar selon la langue) qui avait atteint ses objectifs et allait foncer sur Le Caire est rembarquée vers Chypre fin décembre. La 10e Division parachutiste française arrive à Alger pour le nouvel an, frustrée d’une victoire évidente. Massu la commande et elle va se plonger dans la bataille d’Alger comme unité de police, de renseignement et d’anti-terrorisme pour démanteler les réseaux urbains du FLN. André et Loulou qui rentre de Chypre se retrouvent. André est un libéral pied-noir. En ville Yacef Saadi et Ben M’Hidi chefs FLN se rencontrent et décident de tuer une personnalité, Froger, puis de faire des attentats. André tombe amoureux de Janice. Froger est assassiné. Le ministre de l’Algérie Robert Lacoste ordonne à Massu de prendre les choses en main à Alger avec ses régiments paras dont le 3e RPC de Bigeard et le 1er REP. Une cellule renseignement aux pleins pouvoirs est mise en place que Loulou intègre commandée par le commandant Avranches (à priori Godard ou Trinquier dans la réalité). Les paras vont se souvenir de ce qu’ils ont appris en Indochine pour la contre-guérilla urbaine. Main basse sur les dossiers de la police, quadrillage de la Casbah, paras en civil qui pistent, organigrammes reconstitués par Bigeard, les résultats arrivent mais les attentats aussi, Ottomatic, Coq Hardi etc…
Torture, exécutions sommaires comme la mort de Ben M’Hidi arrêté par le 3 et suicidé par qui, rafles, l’année 1957 va décapiter le FLN. Les paras feront en fait deux séjours à Alger puis seront aussi là pour le 13 mai 1958 qui portera d’Alger De Gaulle au pouvoir. Il va falloir attendre le prochain album. Reste aussi la part romanesque parfaitement intégrée, les états d’âme de tout bord, l’amour et l’amitié malgré tout. Le dessin de Buscaglia joue un rôle important et primordial dans cette série forte.
Algérie, une guerre française, Tome 3, La bataille d’Alger, Glénat, 15,50 €
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