Benoît Sokal et François Schuiten étaient des amis proches et aussi de grands talent du 9e art. Quand Sokal a tiré sa révérence il y a un an, le projet que les deux auteurs avaient en commun, Aquarica, s’est trouvé en partie orphelin. Le premier tome avait paru en 2017, Roodhaven. Le second, La baleine géante, était inachevé, Sokal en avait fait les pages 9 à 53 (folios de l’album). Il en restait une dizaine que Schuiten a donc décidé de dessiner. Un projet qui devait être mené à son terme et dont le scénario avait été écrit à quatre mains, Sokal gardant le dessin. Cette épopée maritime, à la fois grande aventure, fantastique, humaine le méritait bien. Le père de Canardo et de Kraa a su donner vie à une saga impressionnante, pleine d’action, de poésie, de réminiscences aussi, de références. Elle se passe dans les années 30, dans un petit port Roodhaven, car de nos jours la détection, les moyens techniques interdiraient toute fantaisie pour une baleine de la taille d’une île en mouvement. On savait déjà dans la tome 1 qu’il y avait des cadavres dans les placards, une vengeance à assouvir mais que l’amour serait aussi de la partie. Sans oublier une reine des mers qui vit sa vie, des crabes géants et des rebondissements qui ponctuent, relancent tout le suspense de cette singulière course sur les flots dont il faut absolument lire ou relire le tome 1.
A bord du crabe géant, le scientifique John Greyford et le lieutenant de police O’Bryan sont sous les mers. C’est la jeune Aquarica qui le dirige directement branchée au crabe. A bord du baleinier au canon géant, Baltimore et son équipage est en chasse pour venger le Golden Licorn, leur navire détruit autrefois par les dents de la baleine géante. Ils sont en vue du monstre, les dents apparaissent. Aquarica a compris le danger. La baleine est touchée et saigne. Sur son dos, sur l’île qu’elle abrite on a peur mais le crabe atteint la plage et Aquarica retrouve sa soeur Maria. Il fait de plus en plus froid car la baleine remonte vers le Nord mais pourquoi ? La population se rassemble et la vieille grand-mère d’Aquarica sait que cela ne pouvait durer éternellement alors, que Baltimore a trouvé le moyen de tuer la baleine.
On a bien sûr l’obsession de la baleine blanche, du Moby Dick grand format mais pacifique. Aquarica et la baleine forment un couple aux mystérieux pouvoirs. Comme ceux nautiques des insulaires. On a en fait une confrontation de deux mondes, celui déjà déjanté des humains sur leur terre et celui idéalisé des locataires de la baleine géante. Qui sera fidèle et à qui, comment ? On a une fable aussi. Sokal dresse un panorama écologique d’une réalité qui s’y oppose. Le passage de témoin au dessin entre Benoît Sokal et François Schuiten est émouvant, beau. On sent toute l’amitié qui liait les deux hommes et Schuiten assure avec discrétion et élégance. Un diptyque qui fait date.
Aquarica, Tome 2, La baleine géante, Rue de Sèvres, 18 €
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