Avec cette naïveté coupable dont l’occident est familier, l’arrivée des Khmers Rouges au Cambodge avait été salué comme le début d’une ère de paix retrouvée. En 1975, Saïgon tombe, le Vietnam est réunifié. L’Asie semble retrouver le calme. Les Khmers Rouges commencent à instaurer leur implacable et monstrueuse dictature au Cambodge. Quand une idéologie malsaine, hypocrite, se met en place, tous les excès sont permis. Les habitants des villes sont transplanté à la campagne, vivent dans des conditions lamentables, les familles sont séparées, la rééducation marxiste, les enfants espionnent leurs parents, les exécutions sommaires sont quotidiennes. Un génocide a commencé.
Dans ce tome 2 de L’Année du lièvre, Tian né au Cambodge en 1975, à l’arrivée des Khmers Rouges, raconte à partir de témoignages familiaux ce qu’a été l’horreur au Cambodge. Dans un petit village, la mort est omniprésente, l’injustice, la haine d’une poignée de fous endoctrinés, de malades égaux des nazis est la loi. Il y a tant de violence, de peur dans ces pages qu’on en sort ému aux larmes non seulement par la réalité des faits mais aussi par le désintérêt des pays dits civilisés qui n’ont rien fait en sachant ce qui se passait au Cambodge. Le dessin est un relais aux textes, aux situations. On est une fois encore dans de la BD reportage qui frappe au cœur avec un remarquable justesse de ton. A lire, comme on dit souvent mais cette fois à juste titre, pour se souvenir et ne pas oublier.
L’Année du lièvre, Tome 2, Ne vous inquiétez pas, Gallimard, 17,25 €
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