Après Cartier-Bresson et Capa c’est au tour de Steve McCurry de rejoindre la collection Magnum-Aire Libre. Et parmi tous les reportages qu’a signé ce photographe d’une rare humanité, obstiné et rompu à tous les terrains, celui qu’il a fait en direct à New York le 11 septembre au moment ou les Twins s’effondrent sert de caisse de résonance à son profil, à son parcours. Morvan et Séverine Tréfouël se sont emparés du destin de McCurry. Jung Gi Kim l’a dessiné avec une force qui accrédite encore plus le témoignage, celui des photos que l’on retrouve dans l’album. Jour d’exception, le 11 septembre est venu s’immiscer sans retour possible dans le travail et la vie de McCurry, dans les nôtres aussi.
Du stade de France le 13 novembre 2015 au Grand Palais, Steve McCurry est parisien ce jour là.Le soir il sera le témoin sans le savoir de l’attentat qui va frapper, avec d’autres au Bataclan Paris. Comme ce 11 septembre où de chez lui il découvre les tours en feu. Premier réflexe prendre un appareil photo. Son assistante lui prépare les objectifs. il ne réfléchit pas, il couvre l’évènement. Il est photographe de guerre et c’est chez lui à New York qu’elle a lieu. La mort il connait, elle l’a frôlée de peu en Afghanistan. Dépasser ses limites, le 11 septembre McCurry sait qu’il va y aller. Pensée cohérente, objectif clair. Il court avec son assistante, direction les tours qui vont s’effondrer. Les cendres, les survivants blancs de poussière, la police qui boucle les rues, ruser pour arriver au plus près de ground zéro, McCully retrouve ses réactions instinctives. Il a l’impression d’être revenu au Koweït en 91 ou les puits ont été incendiés. Il a rencontré Massoud qui sera tué le 10 septembre 2011, une anticipation de l’attaque des Américains sur l’Afghanistan après le 11 septembre. Au Stade de France, McCurry dans la panique fait jouer son expérience pour éviter d’être piétiné. Quand il retourne à New York, l’arche de Washington Square est aux couleurs françaises. Les Tours ne sont plus dans l’axe comme autrefois.
Une très forte cohérence narrative et graphique dans ce McCurry, très achevé. Le format plus traditionnel est un bon choix plus proche des perspectives des photos de McCurry. Indéniablement il est l’un des grands du photo journalisme. Être là au bon moment, au bon endroit. Le mot bon signifie quand l’actualité explose et s’impose. Il a voyagé comme ses confrères à travers le monde entier. Ses photos sont humaines, tendres, la violence s’y reflète mais pour témoigner de l’horreur et de la cruauté des guerres dont il est le réceptacle à travers son objectif comme avec la jeune Afghane aux yeux verts. Sans appel.
Magnum Photos, Tome 3, McCurry, NY 11 septembre 2001, Dupuis Aire Libre, 24 €, édition spéciale 35 €
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