On l’attendait ce Katanga, nouvelle série d’un des duos les plus en verve et talentueux du 9e art. Fabien Nury et Sylvain Vallée continuent à prendre les travers de la grande Histoire comme toile de fond. Il était une fois en France primée à Angoulême en 2011 reste un monument et une référence dans le traitement en BD de l’Occupation. Avec Katanga on est en 1960. Le Congo belge est indépendant et l’une des ses province, le Katanga, a fait sécession. Un épisode d’une rare violence comme le montre à juste titre et sans caricaturer Fabien Nury au scénario pour ce sujet dont on avait souvent parlé bien avant qu’il ne se lance dans l’aventure avec Sylvain Vallée. En 1960, la France se bat en Algérie après l’Indochine. Ses militaires sont formés à toutes les types de combats et ont des états d’âmes. D’où ces mercenaires qui vont aller rejoindre le Kantaga. On les appellera les Affreux, surnom donné par les colons belges, et ce sont eux que l’on retrouve dans Katanga, soldats perdus mais prêts à tout pour la fortune des armes.
Le Katanga est indépendant, riche mais en guerre avec le Congo. Les populations se massacrent. Les paras belges sont rentrés chez eux et l’ONU comme d’habitude fait de la figuration quand ses hommes ne trempent pas dans des combines sordides. Armand Orsini conseille Munongo le ministre de l’intérieur du Katanga et veut doter le pays d’une troupe de mercenaires afin de défendre entre autres les installations minières de l’Union minière du Haut-Katanga qui a le monopole du cuivre tout en étant dirigée par des Belges. Le pognon d’abord et un joli sac d’embrouilles. Orsini bat le rappel de ses copains, anciens paras, légionnaires de l’armée française en rupture de ban. Au passage l’administrateur d’une mine de diamants se fait la malle avec le stock et sa famille conduite par un Noir, Charlie, qui après le massacre de son patron pique le magot. Félix Cantor qui a combattu avec Orsini prend la tête des mercenaires. Avec lui des figures : Ropagnol à la tête de nounours mais un redoutable, Gheysel, un ancien SS qui s’est fait oublier dans la Légion en Indochine, De Saint-Paul un aristo qui ferait parler un mort, Latinis, un tueur mais un efficace. Avec eux une trentaine de volontaires à tenir d’une poigne de fer. Orsini a eu vent des diamants en cavale. D’autant que sa maîtresse la belle Alicia est la sœur de Charlie qui a hérité du pactole. Y’a de la rumba dans l’air.
On ne fait pas dans dentelle. Milices cannibales, massacres à la machette, traffic de morphine, l’Afrique à cette époque fait dans le grand guignol. Et en plus c’est vrai. Il suffit de lire les souvenirs du colonel Trinquier, officier français, qui a pris la tête réellement des Affreux. Mobutu, Lumumba, Tschombé, ils seront les héros morts ou vifs de cette page d’Histoire post-coloniale et apparaissent dans Katanga. On peut faire confiance à Fabien Nury pour avoir décortiqué le conflit dont on parle pour la première fois en BD. C’est du grand art qui va sûrement égaler dans un autre registre pour les lecteurs Il était une fois en France. La Forminière a bien existé , les fusils poupous aussi comme De Saint-Paul, Munongo descendant de M’Siri qui haïssait Lumumba. Il suffit de lire, si on le trouve, Notre Guerre au Katanga de Trinquier et Duchemin recueil de témoignages et de photos de grands reporters. Au total on savoure ce Katanga avec sa galerie de tronches incroyables et ces entourloupes haut de gamme. Du grand Nury et le dessin toujours aussi réaliste, affuté, percutant de Sylvain Vallée très en verve.
Katanga, Tome 1, Diamants, Dargaud, 16,95 €
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