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Constantin de Chamberly, un Conan philosophe

Joyeux mélange de Rambo, Rohan et de Conan le barbare, Constantin n’est pas celui qu’on pourrait croire malgré son torse nu et son slip en peau de bête. Avec un nom haut de gamme, Constantin de Chamberly est un barbare certes mais esthète et philanthrope. Ses parents en BD sont Karibou au texte joyeux, ciselé, recherché et Arnaud de Viviers au dessin. Avec son air de ne pas y toucher, son look de brute mal rasée, il va nous donner une leçon, abominablement drôle, bourrée d’humour qui est une vraie découverte joyeuse. Constantin mérite d’être connu si ce n’est reconnu comme un plaisir subtil qui détonne et enchante. Ah le pouvoir des mots quand ils sont brillamment et intelligemment alignés. C’est tellement rare.

Karskyval, un monde où on se tue allègrement. Et où on instruit les chères têtes blondes ou presque. Constantin est indiscipliné et se fait virer de l’école. Punition fessé, duel à mort contre un loup qui n’avait rien demandé. Plus tard il va devenir un guerrier aux gros muscle. Sa mère regrette qu’il tienne plus de son lettré de père que d’elle qui bouffe du loup tout cru et a un physique d’une lutteuse de foire. En voyage de pillage scolaire, Constantin va au musée et flashe sur l’architecture. Il part sur les routes et sa mère lui rappelle de brûler quelques villages. Son père lui parle de la connaissance nourriture de l’âme. Agressé, son sens inné de la diplomatie rebat les cartes, non sans danger pour son agresseur. Marxiste de cœur Constantin, pas moins. Il joue avec les mots, les idées mais n’est pas contre un coup d’épée dans le dos de celui qui l’agace. Il est plus Jung que Freud, résout les conflits sans violence, enfin presque. Il refuse la fille du roi et tombe sur Alia qui aimerait vivre ses aventures sauf que la jeune femme est plutôt du style expéditif. Pas sorti de l’auberge avec elle Constantin.

Des planches gags dans une histoire qui se déroule au fil d’une épopée dont chaque phrase est à déguster. Les textes et le personnages sont tellement opposés qu’inévitablement comique et raison s’expriment. Du lard ou du cochon ? Sacré Constantin, graine fertile de tous les philosophes, flanqué d’Alia tête à claques mais réaliste qui quand même lui sauve la mise souvent, il serait le barbare élu pour éclairer le monde. Bain de sang ou de foule ? Seul Mort-Lune pourrait bien empêcher Constantin d’accomplir son très brillant destin. Un plaisir à lire et relire.

Constantin de Chamberly, Barbare, esthète et philanthrope, Delcourt Pataquès, 13,50 €

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