Voilà un album qui remet les pendules à l’heure, replace dans son vrai contexte historique un des plus cruciaux voire dangereux problèmes pour la paix mondiale. Le Fils de Taïwan de Yu Pei-Yun et Zhou Jian-Xin est un manhua soigné qui raconte comme Taïwan a fini par être coupée de la Chine continentale communiste politiquement, idéologiquement, puissance économique forte base avancée des Américains un peu comme Hong Kong l’a été en son temps pour les Britanniques. Documentaire, historique, romanesque, ce récit est une mine d’informations qui donnent une autre image de Taïwan qui risque gros dans un futur proche.
En 1985 un traité oblige la Chine a céder au Japon Taïwan et les Îles Pescadores. En 1945 le Japon l’aura occupée près de 60 ans ce qui ne sera pas sans conséquence pour la culture des habitants. En 1930 Kunlin Tsai est né à Taïwan et fait partie d’une famille noble. On parle japonais, mandarin et minnan. A cinq ans Kunlin va se recueillir sur la tombe de ses ancêtres avec sa famille alors qu’un tremblement de terre secoue le sol. La ville est dévastée mais sa maman est sauve. La vie se déroule au quotidien, on habille le garçonnet en petit marin très attaché à sa grande sœur mais jaloux de son mari. École, société très rangée et avec des classes sociales cadrées, on grignote de la canne à sucre mais la discipline nippone est très forte.
Prospère sous tutelle japonaise jusqu’en 1941, Taïwan va plonger dans la guerre, les garçons enrégimentés. Tout va vite basculer pour Kunlin qui est le fil rouge de cette évolution historique où il va être sous l’uniforme. Ce sera ensuite la Chine nationaliste de Tchang Kaï Chek et après la victoire de Mao. Un premier tome sur quatre qui pose les bases, propose des notes, des fiches, des dates. Un peu lénifiant quand même cette biographie qui a cependant le mérite d’aller plus loin et de rappeler une histoire d’aujourd’hui qui n’est pas finie.
Le Fils de Taïwan, Tome 1, Kana, 18,50 €
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