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Malet, malin complotiste qui a failli faire la peau à l’Empereur

Retrouver Nicolas Juncker (Seules à Berlin, Un Général des généraux avec Boucq) est toujours un plaisir. Une fois encore il nous embarque sur la piste d’un personnage hors norme et bien réel. Malet, général complètement disjoncté a bien failli faire tomber Napoléon en montant un coup d’état à Paris alors que l’Empereur prenait une raclée en Russie bien loin de la France. Questions communications à l’époque il ne fallait pas trop en demander. Estafette à cheval pas rapide au mieux. Donc comme le monter avec humour et talent Juncker, ce bon Malet jobard mais doué jouait sur du velours. Même si Bonaparte avait laissé à Paris quelques hommes à lui et non des moindres. Une histoire abracadabrante qui a du charme mine de rien et que Juncker décline avec brio au récit comme au dessin. C’est la version en couleur, celle en noir et blanc est sortie en 2010.

22 au 23 octobre 12812 on apprend à Paris que l’Empereur est mort en Russie tué d’une balle dans la tête. On oublie vite fait le roi de Rome et on proclame la République. Sauf que l’épisode a été oublié par l’Histoire. Deux mois plus tôt, dans une maison de santé, Claude François Malet, ex-général, noble ou franc-maçon, est un conspirateur né. Il décide que Napoléon est mort. Allons bon. Il suffit de l’écrire sur un bout de papier à l’allure officielle, avoir une poignée de complices dont l’abbé Lafon, et c’est parti. Mort ou pas l’essentiel c’est qu’on le croit. Il va jouer le premier rôle Malet, faire arrêter les empêcheurs de comploter en rond, prendre le pouvoir à tout prix. Car il est malin Malet et seul lui avec Lafon sauront la vérité. Alors il va ratisser large pour ses complices, la crème des abrutis, un caporal de carrière qui deviendra général, un étudiant angevin. Malet endosse son uniforme qui en jette et teste ses complices. Il y aurait de quoi avoir des doutes mais Malet lui ne doute de rien.

Une pantalonnade qui aurait pu tourner à la réussite car après tout on a vu pire. Sauf que Malet en fait un peu trop, que ses comparses dérapent et que le pouvoir en place même si au départ a des faiblesses va reprendre le manche. Certes Savary n’est pas Fouché mais comme ministre de la Police il va assurer. Malet est un pitre rigolo auquel il manque des cases. Le summum dans l’équipe de bras cassés c’est Guidal, général odieux, fourbe, gros et alcoolique. Une synthèse. Bon, Malet se plante et en payera le prix. Une parenthèse qui aurait pu être définitive dans la carrière de Bonaparte. Nicolas Juncker livre un récit picaresque, tragique et comique dont on dévore les pages et dont le dessin, les angles, le découpage le tout en couleur sont un plaisir visuel. Il aime bien les guignols historiques Juncker.

Malet, Éditions Glénat Treize Étrange, 19,95 €

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