Julien Revenu signe son premier album chez Casterman, Ligne B. Pour ce roman graphique sans concession, Revenu s’est inspiré de souvenirs personnels et de témoignages dans le cadre de banlieues en colère. Le jeune dessinateur, qui habite Montpellier et sera le samedi 23 mai en dédicace à la Librairie Azimuts, revient pour ligneclaire.info sur cette Ligne B, très noire et bouleversante.
Julien Revenu, comment en êtes vous arrivé à faire de la BD ?
Après avoir vécu à Aulnay-sous-Bois et fait les Arts Décos à Strasbourg, j’ai choisi en fait de m’installer à Montpellier il y a six ans. Ligne B est mon premier album de fiction. Auparavant j’avais signé une BD documentaire sur les familles Tsiganes composé d’ illustrations, un ouvrage pédagogique. J’ai voulu ensuite raconter et dessiner une histoire personnelle, une BD dont je serai l’auteur.
Votre Ligne B ne fait pas dans la dentelle.
C’est vrai, je tenais à travers l’expérience de mon héros, Laurent, jeune père et employé sous tension dans un magasin de téléphonie, explorer la colère et le désir de revanche ressenti après une agression. Jusqu’où peut-on aller si les freins cassent ? Je me suis inspiré de faits réels, vécus autour de moi, replacés dans le contexte de l’embrasement des banlieues en 2005.
Ce sujet vous est venu immédiatement ?
Le premier thème reposait au départ sur le travestissement. On le voit dans Ligne B. Laurent qui a un look passe-partout, pour paraître dur et éviter d’être agressé se rase la tête, change de vêtements. Que se passe-t-il aussi si un « lascard » prend les habits d’un jeune cadre et vice versa ? Je pense qu’on a tous en nous les ressources pour péter un câble comme Laurent.
Le héros, Laurent, a atteint son point de non retour ?
Il en est au stade suprême de la frustration. Et va choisir les mauvaises solutions au point d’être puni à la fin de son périple.
La fin effectivement, sans la dévoiler, n’est-elle pas trop dure ?
J’ai pas mal de retours sur ce sujet. Les lecteurs pensent parfois que j’ai été peut-être trop dur. Cela a été très difficile pour moi d’écrire Ligne B. J’étais happé par le destin de Laurent.
Par manque de dialogue, dans son couple entre autres. Au travail il est sous la coupe d’un petit chef imbécile. Laurent est un lâche ordinaire qui va passer d’une extrême à l’autre. Tout ou rien et il veut inverser les rôles, devenir le dominant.
C’est une victime ?
Bien sûr. Victime d’une société trop forte, dure, imparfaite. On est broyé par un management sans pitié, jaloux les uns des autres. On fait partie d’un monde qui crée toujours plus de besoins. Il nous manque sans cesse quelque chose.
Comment avez-vous bâti Ligne B ?
Au départ j’ai eu une bourse de la région Languedoc-Roussillon, catégorie auteurs-traducteurs. Cela m’a permis de faire les trente premières pages, faire mes gammes. J’ai fini le story-board et proposé l’album aux éditeurs. Casterman a été intéressé et on a revu le rythme de l’histoire. Mon style a évolué, plus synthétique, pour bien coller avec le personnage. J’ai écrit le séquentiel et le synopsis en parallèle. Je mets face à face sur deux feuilles d’un côté les textes, de l’autre les cases. Je peux ainsi ajuster. Ensuite, je travaille de façon traditionnelle, encrage, mais couleurs sur ordinateur.
Comment, par rapport à 2005, voyez-vous les choses aujourd’hui ?
Elles se sont un peu améliorées. Mais cela ne bouge pas assez vite. Trop de mises à l’écart sociales, hors de la communauté nationale. Si nous n’avons pas de destin commun, il n’y a pas de reconnaissance possible réciproque.
Vous n’avez pas envie de respirer un peu après Ligne B ?
Si. J’ai un autre projet, humoristique cette fois. Je me gave de séries anglo-saxonnes mais drôles, pas polars. Donc l’album pourrait s’appeler Quorum et raconter la vie anecdotique d’une web-radio avec des personnages loufoques sous forme de strips de six cases. C’est aussi un projet de série TV. J’ai des projets de reportages dessinés également.
Vous êtes un lecteur assidu de BD ?
Oui, Larcenet bien sûr mais pas Blast, Le Retour à la Terre plutôt. Moebius bien sûr, Craig Thompson et bien d’autres.
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