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La Faim de l’histoire, des goûts et des couleurs

Dis moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. Pas évident en fait si l’on en croit Aïtor Alfonso, grand lettré et non moins éminent critique gastronomique. Aller faire un tour au cours des siècles dans les livres de cuisines des plus brillantes civilisations, réécrire les menus des hommes préhistoriques ou se demander ce que Jésus a bien pu grignoter le soir de la Cène en compagnie de Judas ou encore le pain quotidien des Aztèques avant l’arrivée des Conquistadors, c’est le dessein de La Faim de l’Histoire tome 1, pas une BD mais finalement un beau livre de cuisine aux riches pages en gras divers illustrées par Jul qui répond par ses dessins aux recherches d’Alfonso avec une pertinence comme d’habitude bourrée d’humour. Le tout, évidemment, pour qu’on ne reste pas sur sa faim (facile!) et que cette carte roborative fasse saliver tous les gourmands devant bien souvent des découvertes gustatives inédites.

Et bien non, l’homme des cavernes n’était pas le roi du steakhouse. Un peu de viande mais pas de mammouth grillé à la broche en permanence. Il aimait aussi les plantes, les végétaux. Un régime paléo qu’on ferait bien d’adopter, marche en prime pour remettre sur pieds les sédentaires que nous sommes. On apprend aussi que parce que les Égyptiens nourrissaient leur morts, grâce aux tombes retrouvées on connait leur goûts. Le peuple ne fait que dans le végétal et les fruits pour les puissants. Poisson pour tout le monde et hop on s’offre des pyramides avec des costauds pleins de protéines. Pas loin de là un vendredi soir réception aux petits oignons. Dans la Cène, Jésus fait la fête avec ses apôtres, treize à table (d’où la superstition du chiffre maléfique). Repas de Pâque juive, agneau, pain azyme et un coup de rouge pour la route qui risque d’être difficile.

Voilà l’entrée. Comme plats de résistance on va aller à Pompéi voir si les orgies culinaires (lire Astérix chez les Helvètes) ont bien existé. Et que les Vikings font leur courses chez les Normands et pillent les caves. On passe chez les moines Bénédictins, les Touaregs, lait de chamelle, dattes, les Ottomans qui inventent les sorbets. C’est du lourd ce tour du monde gastronomique qui en est au tome 1. Du texte avant tout, riche en protéines, à bien déguster sans trop forcer, en s’aérant les papilles avec Jul. Au dessert, un petit miam-miam avec les sorcières au XVIIIe.

La Faim de l’histoire, Une histoire du monde par la gastronomie, Tome 1, Dargaud, 22 €

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