Alors qu’on a appris hier le décès du scénariste et dessinateur de bande dessinée Juan Giménez (1943-2020), de nombreuses réactions ont suivi l’annonce de sa disparition. Vendredi 3 avril 2020, Juan Giménez a succombé au Covid-19, à l’âge de 76 ans. Alejandro Jodorowsky, les Humanoïdes Associés ou encore Daniel Maghen, qui l’a exposé à Paris, ont tenu à témoigner leur émotion et leur chagrin.
Voici ce qu’a déclaré Alejandro Jodorowsky relayé par l’éditeur Les Humanoïdes Associés avec lequel le dessinateur avait beaucoup collaboré : « Durant dix ans, j’ai travaillé avec Juan Giménez. Ensemble, nous avons été les créateurs de la saga des Méta-Barons. Ce qui m’a facilité la tâche en lui proposant le monde complexe des Méta-Barons, c’est qu’il ressemblait exactement à l’immortel Méta-Baron. Dans mon inconscient, Juan Giménez ne peut pas mourir. Il continuera, dessinant comme le maître guerrier qu’il était. » Alejandro Jodorowsky.
Il avait exposé à la Galerie Maghen en octobre dernier. Daniel Maghen gardera de lui le souvenir « d’un génie qui a marqué plusieurs générations de dessinateurs. C’était un passionné, qui n’aimait rien tant que de dessiner dans son atelier de Sitges. Il était face à la mer, mais le plus souvent les stores étaient tirés pour qu’il puisse créer à l’abri de la lumière. Il vous regardait d’un regard espiègle et vous n’étiez jamais à l’abri d’une bonne blague ou d’une phrase qui vous désarçonnait. Sa vie était dédiée au dessin. Il me racontait comment en Argentine il avait découvert Métal Hurlant et Pilote et à quel point cela avait changé sa vie. Il était honoré des prix qu’il avait reçus et qu’on pouvait apercevoir au-dessus de sa table à dessin. Il me disait encore il y a quelques mois sa fierté de dessiner les dernières couvertures de Star Wars. Il était toujours plein de projets. Juan avait été très touché par son accueil lors de sa venue à la galerie en octobre dernier. Touché par les preuves d’amour de plusieurs générations de lecteurs et de ses pairs Alex Alice ou Jean-Claude Mézières qui étaient venus le saluer. Il avait fallu 25 ans pour le convaincre de faire cette exposition. Son sourire, sa gentillesse et sa disponibilité avaient émerveillé tout le monde. »
Né en Argentine, ayant fait des études de design industriel qui lui laissèrent à jamais le goût des vaisseaux et des architectures « qui pouvaient marcher », Juan Giménez s’établit à Barcelone où il réalisera ses plus grands chefs d’œuvre. Avec une affinité naturelle pour la science-fiction et notamment dans son incarnation la plus lointaine : le space opera, il dessinait des héroïnes sexy aux formes généreuses, mais sans le moindre gramme de vulgarité. Avec l’écrivain et cinéaste Alejandro Jodorowsky, il marqua à jamais le genre avec sa reprise du personnage du Méta-Baron créé par Mœbius au début des années 90. Les huit volumes de La Caste des Méta-Barons resteront son plus grand succès international et la bible dans laquelle s’écrit désormais la science-fiction moderne.
Voici un rappel de sa carrière par Les Humanoïdes Associés. Juan Giménez est né le 26 novembre 1943 à Mendoza, en Argentine. Après avoir suivi des cours de mécanique de précision et de dessinateur industriel dans son pays, puis de dessin à l’Académie des Beaux-Arts de Barcelone, il se dirige vers la bande dessinée. Il publie son premier album en français L’Étoile noire chez Glénat en 1979. Suivront (toujours chez Glénat, mais aussi Dargaud, Bagheera et Albin Michel) La Véritable Histoire de Léo Roa, Mutante, Le Quatrième Pouvoir, Le Regard de l’Apocalypse et Titania. En 1981, il participe à un épisode de Métal Hurlant, le film. Il reçoit le Gaudi du meilleur dessinateur à la Feria Internacional del Comics de Barcelone en 1990. Deux ans plus tard, Juan Giménez rencontre Alejandro Jodorowsky. Pour lui, Giménez pose ses valises pour La Caste des Méta-Barons. Huit épisodes ont vu le jour, ainsi qu’un hors-série, La Maison des ancêtres. Entre 2004 et 2008, il réalise la série Le Quatrième pouvoir en quatre volumes.
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