Avec L’Enragé du ciel (Sarbacane), c’est la vie d’un homme fou d’aviation et qui en a été l’un des grands noms un peu oublié aujourd’hui, Roger Henrard, que l’on a découvert. C’est lui qui a mis au point la photo aérienne dans les années vingt, un pilote casse-cou, aventurier, espion, industriel à qui tout réussissait. Sauf sa vie familiale. C’est son arrière-petit-fils, Joseph Safieddine qui a écrit le scénario de cette vie de passion et de courage sur un dessin prometteur de Loïc Guyon. Propos recueillis par J-L. TRUC.
Une vraie histoire de famille cet album ?
Joseph Safieddine : C’est l’histoire effectivement de mon arrière-grand-père. J’ai découvert tout ces souvenirs, ses trésors de guerre. Il est décédé vers 1970. C’est une biographie à laquelle j’ai ajouté une part romanesque sur ses mémoires. Il fallait éviter les incohérences et garder l’ordre chronologique.
Un parcours atypique, pilote, séducteur, inventeur, agent secret ?
J. S : C’était un fou d’aviation et il avait hérité des usines avec sa famille. Il fallait qu’il légitime l’argent qu’il dépensait et il a inventé cet appareil photo capable de prendre des vues aériennes superbes. En prime il avait soif d’aventures et avait l’étoffe d’un héros. Cela dit je n’ai gommé ni les points positifs ni négatifs de sa personnalité. Effectivement il aimait les femmes et était très coureur.
Il a du génie et de la passion.
Loïc Guyon : C’est un homme qui transforme tout en or aux dépends des autres. Il va refaire fortune en Algérie en 1940, il rebondit à chaque fois.
J.S : On n’a pas fait le portrait d’un aviateur. Je me suis pris au jeu avec Loïc. On a eu envie d’illustrer un univers et des situations exceptionnelles. Il y a des scènes de batailles, de combats aériens. On pouvait se faire plaisir tout en étant dans le concret.
Vous aviez cette histoire en tête depuis longtemps ?
J.S : 2009 environ. J’ai voyagé. J’ai repris largement le scénario dont la première version avait été bouclée. Mais comme dit notre éditeur, on aime bien quand la petite histoire se mêle à la grande. On le verra par exemple dans un prochain album Sarbacane sur Pocahontas où les auteurs proposent comme nous en plus de la réalité historique leur propre vision.
Loïc Guyon ce sont vos débuts ?
L.G : C’est mon premier album. Je sais qu’on parle d’influences comme Oubrerie ou Blain. Ce qui n’est pas désagréable. Je travaille sur un format A3, les couleurs à l’ordinateur sur lequel je fais aussi un gros travail de nettoyage. J’ai utilisé beaucoup de documentation mais je ne voulais pas avoir un dessin ultra-réaliste.
Vous racontez un très long périple, une vie riche ?
J.S : Il fallait donner en peu de pages cinquante ans d’une vie bien remplie. Aller vite sans être superficiel donc avoir une narration et un rythme solide. C’était en plus un homme qui ne voulait pas mourir dans son lit. Il a même pris son avion pour s’écraser mais il n’est pas allé au bout malgré la mort tragique de son fils dans un crash dont il s’est senti responsable.
Et après cet Enragé ?
L.G : Je fais mes armes avec cet album. J’ai envie de tenter d’autres expériences, sortir des cases, du format. Je voudrai écrire et dessiner, faire les deux ensemble. Mais je n’ai rien de fait pour l’instant.
J.S: En novembre je sors avec Clément Fabre au dessin, Salade, tomate, oignon chez Vie de Cocagne. Et puis il y aura au Lombard autour de Yallah Bye, un prolongement de cette histoire qui me tient à cœur car je suis franco-libanais.
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