Jonathan, c’est un voyage désormais sans retour, la fin d’un trip qui nous a tenu en haleine, nous a formé, incité à une certaine forme de sagesse, de curiosité pour les autres, de complicité avec une résistance tibétaine sous répression chinoise. Cosey fait rentrer son héros mythique à la maison. Dans ce dernier titre, La Piste de Yéshé, on va accompagner Jonathan qu’une lettre reçue poste restante à Dehli, va embarquer finalement sur ses propres traces. Alors des réponses on en aura, panachées d’une émotion sincère, de Cosey bien sûr, mais aussi celle que l’on ressent quand on se sépare d’un proche. Encore que Jonathan on puisse le retrouver quand on veut tout au long des dix-sept albums qui ont scandé son périple jusqu’au sommet de l’Himalaya. Donc on est un peu moins triste et on lira avec intérêt la préface de Cosey en ouverture de cet album qu’il avait signée en 1975 pour Souviens-toi, Jonathan dans Tintin en 1975. Tout y est déjà dit. La légende était en marche.

Le passé rattrape Jonathan à Delhi alors qu’il pensait rentrer en Europe. Une lettre poste restante. Et sa moto qu’il récupère pour repartir vers le Tibet. Et recroiser la piste de personnages qui ont marqué sa vie. Rendez-vous dans le monastère perdu, avec des jalons, des interlocuteurs qui savent que Drolma va venir mais quand ? Jonathan va aider, marcher, porter ses repas à la Lionne des neiges. Vie quotidienne au monastère et où se cache le sixième Tulku Sunyata héros de la résistance tibétaine avant de devenir pour le peuple la réincarnation d’un grand yogi ? Les Chinois veulent l’enlever pour en nommer un septième à leur botte. Drolma part sous le regard curieux et amusé de ses deux filles.

C’est un long fleuve pas toujours tranquille que cette Piste de Yéshé, où Jonathan va rêver de son futur, voir passer les oies sauvages. Saïcha qui soignait les combattants, un accident, une renaissance aussi, pour essayer de comprendre la vie des autres, à partir des carnets de Jonathan. Cosey est un poète et Jonathan son petit prince, ou l’inverse, ou les deux. Au revoir Jonathan. Le dessin de Cosey sublime le tout.

Jonathan, Tome 17, La Piste de Yéshé, Le Lombard, 12,45 €