Il y a moins d’un an voilà ce que disait Jim sur son projet d’album Détox : « Actuellement, je fais aussi une BD, Détox, avec un jeune dessinateur qui s’appelle Antonin Gallo. J’ai écrit le scénario, je dessine les personnages et Antonin Gallo fait les décors, la mise au gris, qui est très riche, très travaillée et spécifique. C’est inspiré par un ami qui est allé faire un stage détox, sans ordinateur ni téléphone pendant dix jours en pleine cambrousse loin des villes. On est seul, isolé des autres, sous la tente et en mangeant des plantes. » Un projet à la fois philosophique et réaliste : « Il y a effectivement une part de philosophie, le retour de l’homme à la nature. Il y aura deux albums : 1, le déni et 2, l’acceptation. Il lutte, accroché aux codes de la société. Il bosse trop et sa secrétaire lui dit qu’il risque de faire un AVC. C’est elle qui le fait. C’est dramatique mais j’y joins beaucoup d’humour. Enfin, j’espère ! »
Le premier tome, Détox, est sorti. Le héros en est Matthias d’Ogremont, sorte en beaucoup plus sympa de Bernard Tapie qui rachète des entreprises plombées, les retape et les revend avec bénéfices. Il a tout d’un gros nounous, bouffe la vie par tous les bouts et n’écoute pas son toubib. Quand sa secrétaire, maitresse, meurt d’un AVC, il pète un câble et part pour une cure médiation, remise en forme, mort aux toxines et sans portables. Le pire pour un mec pareil. Jim a écrit plus qu’une BD, un scénario qui pourrait faire une de ces comédies de mœurs bien françaises à succès. Il appuie de façon parfois limite caricaturale sur les états d’âmes et la mentalité des personnages dont les gourous qui drivent le stage. Cela dit, comme à chaque fois, il nous bluffe le Jim et on suit son patapouf flanquée d’une copine voilée dans un trip qui va déraper vitesse grand V.
Tout va bien pour Matthias, son job, sa vie, ses femmes. Il néglige sa famille, en fait trop et filtre avec l’infarctus. Sauf que c’est sa secrétaire qui elle meurt d’un AVC, une jolie fille trentenaire. C’est trop pour Matthias qui se souvient qu’on lui avait parlé d’une cure détox dans le Sud du côté d’un patelin inconnu, Gigean. Il y vole Ogremont et comprend que le pire est à venir. Ambiance gourou avec tous les clichés désormais à portée de main. Du cousu main avec jeune spirituel et physique vers l’élévation. Un sceptique le Matthias, on le comprend. Il a droit à vingt mots par jours et direction les terres saintes. Ce qui ne l’empêche pas de savoir apprécier le physique de certaines stagiaires. On ne se refait pas. Il échange avec une jeune femme voilée et découvre Sandro, le maître de stage, qui annonce que tout se fera sous obédience catholique. Matthias contre le gourou dont les sbires comprennent qu’ils ont gagné le gros lot avec lui. Restitution des portables. Matthias triche. Et dégustation de boisson au romarin purgatif. Il est chez les dingues, Matthias, et il va se faire mettre à poil sans y croire. Nuit sous la flotte dans une tente pourrie.
Ce qui n’aurait pu être qu’une comédie semble cacher une autre facette de la vie de Matthias beaucoup plus dramatique qui remonte à l’enfance. Jim entrebâille la porte. On se sent concerné tout en niant comme le fait Matthias. Il y a aussi Adèle, personnage plus compliqué à traiter. Qui va sauver ou au moins aider l’autre ? Jim traite notre mal être, phénomène assez récent qu’est venu accentuer un mode de vie délirant et désaxé. Questions aussi de générations. Un état des lieux où le trait se doit d’être fort pour accrocher tout en faisant sourire et réfléchir. Côté sentiments intimes et psycho, Jim est doué, la preuve.
Détox, Tome 1, Le déni, Grand Angle, 16,90 €
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