Retour sur Jim après la sortie au cinéma de L’Invitation en novembre dernier, ses envies, ses projets, ses albums dont le tome 2 de L’Érection qui sera publié en mars. Dix questions à un auteur complet, exigeant, subtil dans sa perception très humaine des sentiments et qui sait raconter avec sensibilité des histoires dont on se sent toujours partie prenante. Étonner ses lecteurs, Jim a fait son choix. Propos recueillis par J-L. TRUC
Sur quoi travaillez vous actuellement ?
Je travaille sur Une Nuit à Rome 3 et 4. Ce sont les deux gros morceaux qui vont m’occuper dans les quatre ou cinq années à venir en BD. C’est un projet ambitieux pour moi, où j’ai vraiment envie de ne pas me louper. Les personnages avaient quarante ans et ils s’étaient promis de se retrouver dix ans plus tard. Ils ont aujourd’hui cinquante ans, comme moi.
Vous vous suivez à la piste à travers vos scénarios ?
Je me traque, en quelque sorte, oui. Je me suis dit que c’était le moment où jamais de le faire. Cela me permet de parler de l’approche de cet âge abominable. (Rires) Je ne pouvais pas quitter mes personnages. On m’en parle sans arrêt. En fait on se rend compte qu’on ne décide pas vraiment. Quand quelque chose trouve son public, crée un lien, on a envie de continuer.
Sans tourner en rond ?
C’est un vrai défi. On prend le risque de se planter quand on part sur une suite. Il faut trouver l’angle. Ce qui provoque une vraie angoisse. Il faut se dépasser. Je le fais à mon rythme sans pression pour que l’histoire soit fignolée, le dessin aussi. Mais j’ai bien conscience du danger… !
Il y a le plaisir de l’écriture, immédiat, quand on est emporté et qu’on se surprend soit même. Après il faut dessiner et je suis un peu moins dans le plaisir. Quand la page est finie, je retrouve celui de me dire que la page fonctionne. On est plus disponible en dessinant qu’en écrivant, mais c’est dur, le dessin. C’est un combat constant avec nos limites… En fait, je suis un scénariste qui dessine de temps en temps. Et puis, il n’est pas si simple de trouver des dessinateurs. Beaucoup se mettent à écrire leurs projets et les dessinent ensuite. Cela dit je suis exigeant, c’est vrai. En réalité, le niveau global monte, et on est condamnés à essayer de faire des albums exceptionnels, on a vraiment besoin de cette foi pour se lancer dans un projet.
Le temps qui file vous préoccupe ?
On fait avec ses obsessions. Je suis dans la fiction mais j’y mets des choses personnelles. Dans « De Beaux moments » il y a cette petite histoire, « Mon père ne m’a jamais dit je t’aime ». Cela m’a permis de dire des choses à mon père, de lui parler directement. Quand on traite de l’intime on parle à tout le monde car on se ressemble tous. Aujourd’hui je suis dans une phase fictionnée où il y a des bouts de ma vie. Je pourrais être tenté par en mettre plus, moins de fiction, plus de vrai, mais il faudrait sans doute avoir des vies plus chaotiques que la mienne.
C’est un jeu sur le théâtre avec un code cinématographique, un peu comme dans Cravate club avec Édouard Baer ou le Prénom. Le tome 2 s’ouvre un peu plus vers l’extérieur… On sort de l’appartement mais on reste dans le cadre de cette érection qui ne tombe pas au bon moment… et de ses conséquences ! C’est avant tout un jeu d’écriture, un travail sur les dialogues et les rapports entre quatre personnes.
Vous aimez tous les genres ou surtout la comédie ?
J’ai traité beaucoup d’autres genres, humour, politique, roman-photo, heroïc fantasy. En ce moment, je converge naturellement vers ce qui m’attire le plus, le cinéma. Donc je fais mes films en BD. Sous le nom de Téhy, j’avais écrit une série, « Reign », que j’ai redécouverte tout récemment. J’en ferais bien un dernier. Les gens peuvent penser que j’officie dans le même registre depuis longtemps, alors qu’il n’y a que 6 ou 7 ans que je creuse les rapports hommes femmes.
Vous ne vous sentez pas enfermé ?
Un peu, oui. Mais les lecteurs n’ont pas une grande mémoire. Il faudrait que je me force à faire autre chose pour montrer une palette plus large ? J’aime autant aller à l’envie, simplement…
Ah ! Ça non, je ne ferai jamais de western. Cela ne m’intéresse pas, il y en a de très bons, mais je ne me sens vraiment inspiré que par le présent ou le futur. Ce que je ferai peut-être, c’est un truc très sombre, une sorte de polar. J’ai des notes. Je suis très libre. On peut se dire qu’Héléna ressemble à Une Nuit à Rome, mais ce n’est pas voulu, c’est accentué par le découpage et la couleur qui y sont pour beaucoup. Cela dépend vraiment aussi des rencontres avec les dessinateurs, avec Lounis Chabane on a un cousinage, mais qui n’était pas délibéré, et qui sait voir quoi notre collaboration
va évoluer dans le futur ? Je fais parfois des essais de projets mais rien qui ne soit assez mûr encore pour aboutir. Je ne suis pas vraiment sollicité. Je me sens un peu en marge. Sans doute parce que mon temps d’écriture se partage entre cinéma et bd sept jours sur sept, du coup par manque de temps je ne fréquente pas trop les salons bd. Je suis un mec de cinéma qui fait de la BD.
Ou écrire pour les autres ?
Ce que j’aimerais vraiment c’est de travailler avec des dessinateurs à qui je donne mon scénario et à eux de jouer. Voire découvrir l’album achevé, sans avoir vu une seule case en cours, c’est un vieux rêve qui j’espère se réalisera un jour. Aujourd’hui, j’ai un projet avec Jean-Michel Ponzio en deux ou trois albums. Les rapports ambigus entre une jeune femme et un vieil écrivain autour d’une piscine à Sète. L’histoire traite de l’écriture et c’est, à la base, un projet de film que je verrai bien en BD. Et je pense que Jean-Michel et moi allons nous régaler à travailler ensemble. J’ai envie d’étonner de plus en plus.
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