Il est le repreneur, après Laurent Verron de Boule et Bill qui fêtent leurs soixante ans cette année. Du coup, Jean Bastide participe à cet évènement dans un des recueils qui sortent pour l’occasion. Il est aussi à Sète les 31 août et 1er septembre 2019 pour BD Plage dont il a signé l’affiche sous le signe de Boule et Bill. Il sort aussi en novembre son quatrième album de la série dont il a repris le dessin. Enfin il a un projet au chaud, avec un scénariste. Il y a parfois des infos qui se télescopent. Avant de venir à Sète, Jean Bastide a fait un large tour d’horizon avec Ligne Claire. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Jean Bastide, vous avec une actualité chargée en cette fin août 2019. Vous signez l’affiche de BD Sète, vous participez au 60e anniversaire de Boule et Bill, une compilation, et vous sortez en fin année le tome 40 des aventures du duo dont vous avez repris le dessin.
Oui, pour la compilation ce sont des planches de moi mais aussi de Verron, de Roba.
Étiez-vous un lecteur de Boule et Bill ?
Non. Je l’ai découvert sur le tard. J’avais un œil ainsi un peu plus neuf. Et je me suis appliqué à retrouver la même ligne et type de dessin que celui de Roba.
Comment êtes-vous arrivée dans cette aventure ?
C’est Dargaud qui m’a contacté, me disant qu’ils cherchaient un dessinateur pour reprendre la série. Donc j’ai fait un essai sur quelques planches et cela s’est bien passé.
Avec un scénariste qui est Christophe Cazenove ?
Oui, il était sur la reprise avant moi.
Quand on reprend une série si connue il y a du stress mais aussi un cahier des charges ?
Oui, c’est très précis. De toute façon, c’est un œuvre qui est précieuse dans l’univers de la BD. Il faut la respecter avec des éléments qui font qu’il ne faut pas s’écarter de l’esprit du créateur. Autant faire du Boule et Bill à la Roba en lui restant fidèle.
Ce cahier des charges est validé par l’éditeur et des ayants-droits ?
Oui, par l’éditeur, mais les ayants-droits ont été très peu impliqués. Ils ont validé ma candidature mais ensuite ils n’ont pas été demandeurs de retouches.
On est en au tome 40 de Boule et Bill pour novembre, le 4eque vous faites. Vous n’êtes plus un débutant sur la série. Vous n’avez pas envie de faire évoluer les personnages ? Apporter votre vision ?
C’est vrai que par la force des choses, on a envie d’aller plus loin. Mais ce n’est pas sur ça que je vais me développer. Je le prends comme un travail d’école, fidèle, respectueux. En fait ce n’est pas avec Boule et Bill que j’envisage une progression graphique. Roba était un grand technicien, perfectionniste comme Franquin. Le dessin est solide et je m’en imprègne donc cela me fait aussi avancer. Mon dessin personnel est en fait très différent.
On reviendra sur vous envies et projets. Pour Boule et Bill qui ont soixante ans, un beau record, vous avez un public de tous les âges, qui s’est renouvelé ?
Le public se rajeunit. Avoir pris Cazenove comme scénariste est une bonne idée. Il a des séries qui marchent bien, son public, et il a rafraichit les personnages. C’est aussi un très grand fan de Boule et Bill au départ. Donc l’image n’est pas vieillotte. On s’est attaché à apporter des touches de modernité. Je suis né en 1982 et quand je regarde la période Roba sur laquelle je me suis basée pour dessiner les albums, ce sont les années 80. Ça n’a pas pris une ride.
Comme Peyo.
Oui, ce sont des dessinateurs hors pair. Dans le style humoristique le style est mal reconnu, on ne soupçonne pas la qualité d’encrage, le travail qu’il faut fournir.
Comment travaillez-vous avec Cazenove ?
J’ai un scénario écrit. Cazenove connait par cœur l’œuvre de Roba. Je n’ai pas pris en charge la mise en scène. Je lui ai fait confiance. Du coup, j’étais plus serein pour dessiner. Au fil des albums il est possible que je prenne à mon compte le découpage. Il a besoin d’avoir le visuel pour savoir si le gag est bon, compris. Pour l’instant cela me convient.
Vous travaillez sur tablette en disant que vous aimeriez revenir au traditionnel ?
Tout à fait. Il faut comprendre aujourd’hui qu’on a des contraintes de temps. Et l’obligation de coller à un existant. Mais il n’y a plus le papier ou les plumes de l’époque de Roba. Numériquement, j’ai créé des outils pour coller au rendu visuel. En tradi, j’ai essayé mais cela me prend plus de temps. Je pense quand même y revenir. j’ai un vrai attachement au papier et au crayon, à l’encre. Même si j’ai toujours évolué avec l’ordinateur.
Vous savez combien d’albums il y aura de Boule et Bill ?
Non. Tant que cela fonctionne, les ventes correctes, on reste dans l’indéterminé. C’est agréable à dessiner, c’est léger. On est dans une petite bulle sympa. La série marche bien et elle a trouvé son second souffle. C’est une BD tranches de vie, familiale, fraîche.
Vous signez l’affiche de BD Plage à Sète 2019. Vous avez repris l’ambiance marchand de glace et sable chaud ?
Oui, c’est une requête bien compréhensible des organisateurs, de Sylvie Moretto. Je n’ai pas eu trop de mal car il y a des références plage déjà chez Roba. Il y aura une version en tradi de l’affiche qu’on exposera.
Parlons maintenant de votre avenir avec un dessin qui est différent, réaliste.
Sincèrement, Boule et Bill me donne une certaine sérénité, être moins pris par le quotidien qui bride la profession. Il faut courir pour travailler. J’ai un, projet qui germe et je pense m’y mettre l’an prochain.
En signant aussi le scénario ?
Non, avec un scénariste mais on préfère ne pas trop encore en parler. On dégage des pistes mais l’univers n’est pas déterminé. Je suis fan de tout ce qui est post-apocalyptique. Je me laisse guider par des envies graphiques. Boule et Bill n’est pas à moi. On m’a prêté les clés de la boutique.
Vous pourrez arriver à mener de front les deux ?
La question est là. C’est pour ça que Laurent Verron a voulu arrêter. J’ai la chance de travailler en numérique et d’être rapide. On a décidé avec mon éditrice que j’attaque le prochain Boule et Bill au plus tôt pour me dégager du temps l’an prochain.
Donc avec le tome 41, vous pourriez sortir aussi votre projet.
Je vais boucler le Boule et Bill pour ne pas tout mélanger. Ensuite je ferai mon projet. Dès la rentrée, j’aurai une partie du scénario du 41. Il me faut six mois environ pour un Boule et Bill. Pour l’autre album, je voudrais travailler en couleur directe, réaliste. J’adore le travail de Guarnido, donc j’ai envie de travailler un peu comme lui. Comme Marini. C’est passionnant, une autre façon de faire de la BD. J’adore peindre.
Quelles ont été vos lectures BD ?
Un peu de tout mais j’ai du mal à me plonger dans une BD qui ne m’attire pas graphiquement. Si le dessin ne m’accroche pas, c’est dur. A l’inverse c’est un tout. Je peux aimer un dessin, lire trois pages et arrêter.
Par exemple, des albums récents ?
Pour l’instant je m’ouvre aux auteurs américains, italiens. Internet est fabuleux pour ça. Je n’ai pas envie de citer des noms. J’aime un dessin assez cinématographique. Blacksad est pour moi la série la plus réussie.
Vous parlez de BD animalière. Vous avez lu le Château des animaux par Dorison et Delep qui sort en septembre ?
(Rire) Figurez-vous que j’aurais dû le dessiner. Mais Félix Delep est formidable. Au départ, je devais travailler dessus avec Xavier Dorison. Je suis ravi qu’il ait trouvé ce jeune dessinateur. C’est magnifique et cela va lui permettre d’éclore vu son grand talent.
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