Une vie de courage, d’abnégation et de souffrance sous la botte nazie en Pologne, ce sera le destin de Irena Sendlerowa qui prendra tous les risques pour exfiltrer des enfants juifs du ghetto et aider la résistance polonaise. Torturée par la Gestapo, évadée de ses cellules, Irena sera ensuite reconnue Juste parmi les Justes à Yad Vashem en Israël, le si impressionnant mémorial de la Shoah. Dans ce tome 4, elle y raconte son action déterminante devant des rescapés du ghetto et revient en février 1944 à Varsovie. Une série, on l’a dit, incontournable qui traite aussi de ce qu’a pu être l’antisémitisme d’une partie de la Pologne, l’abandon volontaire par les Soviétiques des résistants polonais soulevés dans Varsovie pour mieux implanter ensuite un gouvernement à leur solde et communiste. Jean-David Morvan, David Evrard avec son dessin d’autant plus fort qu’il touche un public jeune et Séverine Tréfouël continuent à faire acte de mémoire avec délicatesse, émotion et sur fond de vérité historique totale.
Elle se souvient de la torture par les nazis. Cachée chez sa mère, Irena bien que blessée décide de partir afin de ne pas la compromettre. Avant de s’en aller, sa mère lui fait promettre que si elle meurt elle ne viendra pas à ses obsèques que surveilleront la Gestapo. Bouleversée, Irena le lui jure. Irena continue ses missions pour la résistance, messages, armes, avec l’aide d’Antoni, son chauffeur et ami. Elle lui laisse sa chienne Shepsi. Au quartier général, on lui a fait des faux papiers. Au zoo de Varsovie, dévasté, des familles se cachent dans les cages des animaux abattus. Il faut les ravitailler toujours à la merci d’une rafle allemande. La maman d’Irena décède. Irena doit faire face à des dénonciations par des Polonais de ceux qui cachent des Juifs. Comme elle est infirmière, Irena se prépare aux combats urbains qui vont sûrement éclater en août 1944 car les résistants sont persuadés que les Russes proches de Varsovie vont les aider et que leur gouvernement libre sera reconnu. Erreur fatale. L’insurrection sera un échec voulu par Staline. 180 000 civils et 12 000 résistants polonais seront tués. Les Allemands étaient parfaitement au courant de l’insurrection.
On remet les pendules à l’heure à travers le personnage d’Irena. Aussi bien pour marquer la lâcheté et l’horreur de l’antisémitisme polonais que la liquidation de la résistance par les Russes qui ont même interdit des parachutages d’armes par les Américains depuis leurs bases en Italie. Le parcours d’un jeune juif, Martin, qui sera arrêté, déporté et membre d’un Sonderkommando, évadé, dans le ghetto, fera du marché noir et tentera de rejoindre les lignes russes, est symptomatique de l’incroyable diversité du destin des survivants. Comme aussi l’aide de certains soldats allemands. De l’humour enfin, gentil et souriant malgré la dureté du propos. Irena est aussi une héroïne hors normes, discrète et qui s’en est sortie. Son témoignage est d’autant plus important que rien n’empêche l’Histoire de se remettre à bégayer. On le voit aujourd’hui.
Irena, Tome 4, Je suis fier de toi, Glénat, 14,95 €
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