Il est le détective le plus célèbre au monde. Une banalité quand on parle de Sherlock Holmes créé par Sir Arthur Conan Doyle. Ses adaptations à l’écran, petit ou grand, ses plagiats, ses détournements comme celui commis avec humour par Maurice Leblanc ne se comptent plus. On passe aussi sur ses adaptations en BD franco-belge déclinées dans tous les sens avec plus ou moins de bonheur. Le manga se devait de s’y mettre aussi, mais l’angle, cette fois, est astucieux. C’était annoncé depuis un an. Avec Sherlock, c’est la série TV anglaise qui s’offre une collection manga (les classiques de Sherlock Holmes ont déjà été transposés dans le genre) en reprenant les épisodes de la série qui en est à sa troisième saison diffusée. Avec une particularité, chaque série ne fait que trois épisodes qui ont une durée chacun de 1h30. Jay, dessinateur japonais, est au dessin très fidèle de ce premier épisode. Steven Moffat et Mark Gatiss signent le scénario tiré du début de la série, une Étude en rose, déclinaison du célèbre roman de Doyle, Une Étude en rouge.
« C’est une grave erreur que d’échafauder une théorie avant d’avoir rassemblé tous les matériaux nécessaires. Cela ne peut que fausser le jugement ». Du Sherlock dans le texte, celui d’une Étude en rouge. Mais dans ce premier volet manga, Holmes et Watson n’en sont pas encore à cette amitié indéfectible qui va les unir au fil des affaires. Holmes cherche un colocataire et le docteur Watson, médecin militaire blessé en Afghanistan un logement. C’est un ami médecin de Watson qui les présente au moment où Holmes enquête avec Lestrade sur des suicides bizarres. Holmes emmène Watson à Baker Street et lui demande de le suivre dans son enquête après lui avoir révélé en détail tout ce qu’il a déduit de son passé tourmenté. Madame Hudson a désormais deux locataires atypiques et qui, non, ne sont pas en couple. Watson va être convoqué par un bien curieux personnage très impliqué semble-t-il dans la vie d’Holmes. Une valise rose a disparu. La clé de l’énigme ?
Une adaptation parfaite pour d’abord avoir su transcrire le texte. Holmes parle, déduit, s’interroge ce qui est difficile à imager. Et pourtant Jay a réussi. On a un Holmes certes littéraire mais qui surfe d’une image à l’autre emportant le regard du lecteur à la suite des déductions implacables du détective. Holmes et Watson, Lestrade sont ceux du petit écran avec un trait élancé, plus clair mais qui donne pourtant toute sa profondeur au regard d’aigle, pénétrant de Holmes. Curieusement on ne serait pas étonné si tout ce petit monde se mettait à bouger. Moriarty est de retour, Mycroft est toujours agent double ou triple. L’affaire est bouclée en un volume, ce qui aide aussi à adopter l’œuvre. Rien à dire si ce n’est qu’on verrait bien aussi la mise en manga de Elementary, autre série pertinente où Holmes a immigré à New-York et Watson est une charmante jeune femme chargée de veiller sur lui pour qu’il ne se drogue plus. A noter que Johnny Lee Miller, Holmes, a vraiment un petit air de Enki Bilal. Non ? Regardez bien. Enfin « On a dit que le génie n’est qu’une longue patience. Ce n’est pas très exact, mais cela s’applique assez bien au métier de détective ».
Sherlock, Tome 1, Une Étude en rose, Kurokawa, 12,60 €
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