On pourrait parler de sacerdoce même si malgré le contexte religieux hébraïque le destin de Janusz Korczak est avant tout celui d’un homme qui ira au bout de lui-même pour protéger des enfants. Ce médecin polonais qui se serait voulu écrivain avant tout avait choisi de consacrer sa vie à sauver celle des enfants défavorisés et il n’y aura pas pire fin que celle des petits juifs polonais en 1942 qu’il n’abandonnera pas alors qu’il aurait pu échapper seul aux camps d’extermination. Mais bien avant Korczak se battra pour tous les enfants, pas à pas, dans une Pologne qui ne cessera pas non plus d’être le jouet des grandes puissances dont la Russie devenue ensuite l’Union Soviétique et évidemment l’Allemagne. On ne peut que remercier Stéphane Tamaillon, Priscilla Horviller (ils ont signé l’excellent Baronne du jazz) de faire revivre Korczak et de le faire découvrir au plus grand nombre à travers cet album très bien conçu au graphisme et à la mise en page très claire.
Il écrit Korczak, il est enfant en 1890, se prénomme à l’époque Henryk, son père devient fou et est enfermé. Un traumatisme qui ne le quittera pas. Une mère distante, des finances en berne, un lycée où on doit parler russe, la Pologne est sous tutelle. Il est copain avec Stasio, donne des cours pour aider sa mère. Il veut devenir écrivain mais premier échec. Alors il sera médecin, partage les idées d’une société qui s’intitule l’université volante en faveur d’une Pologne libre. Sous le nom de Henryk Goldszmit il commence à être reconnu avec un livre sur les enfants pauvres de Varsovie. Ce sera la guerre avec le Japon où il est médecin au front. Il retrouve à Varsovie son poste en 1906 à l’hôpital des enfants juifs et se dévoue sans compter. Désormais son chemin est tracé, il bâtira la Maison de l’orphelin.
Un homme novateur, plein d’idées, généreux, qui sera plus ou moins compris, saura que l’avenir des Juifs est peut-être en Palestine où il ira mais son pays c’est la Pologne. Il y sera poursuivi par les autorités, emprisonné., voyagera en Europe pour visiter les orphelinats et construira à Varsovie sa Maison, sa république des enfants qu’il assumera jusqu’en 1942. 14-18, Pan Doktor continue, attrape le typhus. Un chemin de croix doublé d’une passion exclusive, Janusz Korczak défendra jusqu’à son dernier souffle qu’il leur offre les droits des enfants, y compris dans le ghetto de Varsovie. Une leçon incomparable et d’une rare force évocatrice, pour faire acte aussi de mémoire.
Les Enfants d’abord, Steinkis, 20 €
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