Ces oubliés, les prisonniers de guerre français en 1940 : René Tardi, le père de Jacques Tardi, engagé à Valence dans les chars passera cinq ans au Stalag IIB en Allemagne. Il y avait des années que Jacques Tardi voulait raconter le destin de l’un de ces jeunes hommes partis à regret se battre en 1939. Pour finir au mieux pendant cinq ans dans un Stalag, ces camps où les Allemands parquaient les Français prisonniers.
Tardi nous avaient montrées les premières planches voici cinq ans dans l’intimité de son atelier. Il a donc fait une infidélité à son Adèle Blanc-Sec ou auteurs de polars.
Avec Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, qui sort chez Casterman c’est le destin de son propre père que Jacques Tardi raconte et à qui il rend hommage.
« Mon père s’était engagé dans l’armée avant guerre à Valence. Prisonnier en 40 Il est revenu de captivité en janvier 1945. On lui avait volé sa jeunesse. Il ne cessait pas de parler de ses années perdues ». Alors c’est le fils, Jacques, qui a demandé au père de consigner ses souvenirs.
« Il n’avait noté que des détails sur son évacuation dans un carnet. Dans les années quatre-vingt il a accepté de raconter dans trois cahiers sa guerre, sa captivité, sa tentative d’évasion, son copain abattu, la vie quotidienne au stalag IIB ou dans un kommando qui travaillait chez un agriculteur », poursuit Jacques Tardi. « J’ajoute qu’il était totalement libre dans son écriture. J’ai très peu repris le texte ».
Dans l’album Jacques Tardi donne la réplique à son père. Un gamin qui interpelle son jeune homme de papa des champs de bataille aux baraques du Stalag. Pas tendre le fils. « La vision que l’on a en France c’est Fernandel dans le film La Vache et le prisonnier. En réalité ces hommes avaient souvent honte d’avoir été vaincus. Ils sont rentrés ignorés car au même moment le monde découvrait les camps de la mort ». René Tardi quittera l’armée. Mais, à son tour, il fera partie des troupes françaises d’occupation en Allemagne en 1946. Ce sera pour la suite dans le tome 2.
Chaque plan, chaque détail comme toujours chez Tardi est peaufiné, parfait. « Il y avait l’émotion de parler de mon père. De plus ce n’était pas simple de scénariser une histoire dans un univers clos comme le Stalag ». Et sourire aux lèvres de conclure : « Quand j’aurai fini le tome 2 je me referai une santé avec un nouvel Adèle Blanc-Sec ».
Moi René Tardi, prisonnier de guerre au Stalag IIB, Tome 1, Casterman, 25 €
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