Alors que Jacques Martin est toujours et encore sous les feux de l’actualité (une monographie de Patrick Gaumer, un Alix, un Lefranc en cette fin d’année). Voici le texte publié à l’époque dans Midi Libre pour le décès de Jacques Martin alors que l’on a commémoré le centenaire de sa naissance en septembre 1921. On rappelle ainsi la carrière d’exception de l’un des plus grands maîtres du 9e Art. J-L. TRUC
Il avait travaillé avec Hergé. Il était le créateur d’Alix et du journaliste Lefranc. Jacques Martin est décédé hier (le 21 janvier 2010) en Suisse à l’âge de 88 ans. Né à Strasbourg en 1921 d’un père pilote de chasse dans l’escadrille de Guynemer, ce qui lui vaudra sa passion pour l’aviation, il avait fait ses études en Belgique. Entré au journal Tintin dès 1948, Jacques Martin avait travaillé pendant près de vingt ans avec Hergé et Edgar P. Jacobs, auteur de Blake et Mortimer.
Maître de ce que l’on appelle aujourd’hui la ligne claire. Martin a collaboré à de nombreux albums de Tintin avant de créer le personnage d’Alix en 1948 qui paraît d’abord en feuilleton. Le succès sera rapidement au rendez-vous et Martin peut être considéré comme le créateur de la BD historique.
Pour Alix, Martin avait choisi la Rome antique au temps de Jules César. Ce dernier deviendra même le protecteur du jeune Romain et de son compagnon Enak. Au bout de trois albums d’Alix, Martin préférera revenir à une BD contemporaine et donnera vie aux aventures du journaliste Lefranc, une transposition finalement de nos jours de son héros Alix. Les albums d’Alix et de Lefranc réalisés désormais en alternance vont s’accumuler.
Le dessin de Martin est brillant, fouillé, plein de vie et historiquement toujours bien cadré. Martin se passionnera ensuite pour la guerre de Cent Ans avec Jhen, l’épopée napoléonienne avec Arno dessiné au départ par André Juillard. Il créera d’autres personnages comme Orion ou Kéos dessinés par Pleyers mais qui n’auront pas la même notoriété qu’Alix. Au total Jacques Martin a vendu plus de quinze millions d’albums dont sept millions d’Alix traduit en dix langues. Martin avait peu à peu passé la main à de jeunes dessinateurs conservant l’écriture des scénarios et la supervision de son œuvre. Il avait aussi lancé la série des Voyages dans laquelle Alix était le guide du lecteur à Rome ou à Athènes. Chaillet était au dessin pour l’album sur Rome.
De passage à Montpellier il y a quelques années où on l’avait rencontré, il revendiquait « d’avoir toujours eu en particulier pour les aventures de Lefranc les yeux d’un reporter en bande dessinée » et affirmait « que la BD a un besoin vital de vedettes ». Avec sa disparition peu de temps après celle de Tibet et à une semaine de l’ouverture du festival d’Angoulême, la BD a perdu deux de ses plus grands noms.
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