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Chroniques diplomatiques, l’Iran ouvre le bal en 1953

Un beau poids-lourd, une série intelligente comme il y en a peu, Chroniques Diplomatiques retrace dans le détail mais avec un fond en partie romanesque, les grands changements politiques, internationaux du XXe siècle, les manipulations, les coups d’état programmés par les grandes puissances. Et c’est l’Iran au début des années cinquante qui démarre cette nouvelle série dont le héros est un jeune ambassadeur accompagné d’un ami qui lui sert de garde du corps, d’enquêteur, d’éminence grise. Un duo très efficace dans un environnement authentique mis en scène de façon très claire, précise, par Tristan Roulot et dessiné par un Christophe Simon qui a su coller son dessin à l’époque, réaliste, ajusté et élégant qui fait penser parfois à Jacobs dans l’Affaire du collier. A l’image de son héros même si le jeu de dupes auquel il sera confronté est d’une rare ignominie.

Le pétrole en Iran n’est pas au peuple mais à des compagnies étrangères. En janvier 1953, Jean d’Arven est ambassadeur de France à Téhéran. Dans sa jeunesse, pendant ses études, son meilleur ami Jacques et lui ont passé un pacte. Il n’y avait qu’une place au concours d’Orient de Sciences Po. Jacques s’est retiré du concours mais a fait promettre à Jean que rien ne les séparerait, ne détruirait leur amitié, à la vie, à la mort. Ils sont tous les deux à Téhéran où c’est Mossadegh qui est premier ministre du Shah. Il est pour la nationalisation du pétrole et c’est désormais une guerre à mort entre lui et les Américains, les Anglais et en prime les Islamistes iraniens. Le tout sous l’œil d’un Shah d’Iran indécis et marionnette des puissants. Jean d’Arven est victime d’un attentat. Il s’en tire et a rapports privilégiés avec un ami d’études, ministre des affaires étrangères de Mossadegh. La répartition en cas de nationalisation de la gestion des puits par des techniciens étrangers est sur la table.

On se souvent peu que Mossadegh aurait été une chance pour l’Iran que les USA ont refusé, fomentant un coup d’état sous l’emprise des frères Dulles et la CIA. La suite ce sera plus tard le départ du Shah, Khomeini, la prise en otages des membres de l’ambassade américaine, un Iran islamique pur et dur. Jean d’Arven ne change pas la grande Histoire mais il en est le témoin, parfois un peu l’acteur, un fil rouge qui permet une parfaite compréhension des mécanismes, des intérêts dont ceux aussi de la France en Iran à l’époque. Jeux troubles, violents, sans pitié, la diplomatie n’est pas une affaire de gentlemen, Roulot a superbement maîtrisé le sujet qui permet de comprendre notre présent. Un dossier pour aller plus loin boucle l’album, très documenté et clair sur les enjeux et les pressions.

Chroniques diplomatiques, Tome 1, Iran, 1953, Le Lombard, 14,75 €

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