Un monde de cauchemar, un pays des merveilles côté obscur de la force, Luc est un petit garçon qui va faire un voyage extraordinaire dont l’issue est incertaine. Marco Cosimo D’Amico, Laura Iorio et Roberto Ricci ont apporté le romantisme et le fantastique de leur pays à l’histoire étrange et douce à la fois de cet enfant solitaire qui ne pouvait aller ailleurs que dans un monde parallèle pour enfin trouver son destin.
Luc est seul, à l’école martyrisé par les autres où dans sa vie au quotidien. Claire sa sœur a disparu. La grand-mère de Luc lui raconte des contes étranges et chaque nuit l’Uomo Nero, dandy en teintes sombres, vient le terroriser. Personne ne croit Luc qui disparaît un beau soir. Il se réveille entouré de pantins et de personnages en gris qui hantent les rêves des humains. Parmi eux l’Uomo Nero qui explique à Luc comment ils se délectent de leurs peurs. Sauf que Luc est le seul à pouvoir toucher ces ombres ce qui est ennuyeux et demande une réponse de sa part. Au royaume des ombres Luc l’intrus va essayer de comprendre pendant que ses parents sont bouleversés par sa disparition. Les ombres sont celles de morts.
Luc grandit en fait chez les ombres, se fait des amis dont l’Uomo Nero, va au Tibet mais voudrait rentrer chez lui. Le chemin sera compliqué et initiatique. Il va vaincre ses peurs, seule solution, comme pour son compagnon qui ne fait qu’accumuler les souffrances des humains. Un parcours philosophique aussi vers l’adulte que va devenir Luc. Pinocchio est en toile de fond, Mattotti n’est pas loin. On est pris par l’ambiance féérique, les couleurs ou les noirs qui s’opposent et se battent. La mise en pages et en couleur est d’une rare force évocatrice. Tim Burton a dû jouer de son influence fantastique et poétique.
Le Cœur de l’ombre, Dargaud, 17,95 €
J’avoue, j’ai lu pas mal de Bandes dessinées, de romans graphiques .. il y a les BD commerciales (pour lesquelles on peut trouver du plaisir, mais dont on peut se passer facilement) .. il y a les « classiques » qui font un peu l’unanimité, mais pas forcément … il y a les BD qu’on apprécie particulièrement, parce que le dessin et/ ou l’histoire nous touche .. …. et puis il y a « Le Coeur de l’Ombre » .. une de ces pépites sur lesquelles on tombe parfois, rarement, et qui, dès la première lecture, restent gravées … Le Bonheur du lecteur, oui avec un grand B .. une histoire magique, un dessin fabuleux, des petits détails savoureux et drôles, autant graphiquement qu’au niveau de l’histoire, pas de fausse note, pas de truc sorti de nulle part qui tombe comme un cheveu sur la soupe, émouvant mais pas larmoyant .. des années de travail et un « accouchement » dans la « douleur » … mais quel bébé !! Et quel cadeau pour nous lecteurs !!! Pour moi, c’est la quintessence même de la Bande dessinée … on en sort – avec tristesse et difficulté, on voudrait bien continuer le voyage avec les personnages – on en sort émerveillé, étourdi, grandi, ému, et l’impression d’avoir pris une claque .. et de n’avoir rien lu d’aussi fort jusque là … Voilà .. une pépite qui prend une place avec mes gros coups de coeur .. comme L’Autre Monde de Magnin ou Mens Magna de Sorel .. Continuez de nous faire rêver, de nous emmener comme ça .. plus rien n’existe autour quand on lit un album comme ça .. et pour moi c’est le but de toute lecture, bande dessinée ou livre … Alors Merci Merci Merci 1000 fois pour ce merveilleux cadeau …….