Pascal Croci est de retour. En adaptant le roman de Benjamin Constant, Adolphe chez Emmanuel Proust, Croci qui réside en Aveyron apporte à cette tragédie romantique une grande part de lui-même que son dessin superbe et envoûtant magnifie. Pascal Croci a répondu aux questions de Ligne Claire avec pudeur et passion, tendresse aussi, douceur.
Pourquoi ce choix d’un roman de Benjamin Constant, auteur du début du XIXe siècle ?
J’ai beaucoup aimé le film en 2002 avec Adjani et Jean Yanne qui en a été tiré. Et puis cela a été pour moi une sorte d’exutoire personnel. On ne sort pas indemne d’un amour passion.
Le héros Adolphe fait tout pour conquérir Ellénore, femme mariée, plus âgée que lui. Ensuite il s’en lasse ?
Et elle est devenue totalement amoureuse, prête à tout même si au début elle a lutté, a résisté. Toutes les histoires d’amour ont ce moment précieux juste avant le premier baiser. De même que la mort les sublime. Dans le cas d’Adolphe, la mort va le culpabiliser. Il y aussi ce que j’appelle la petite mort de l’abandon. La passion dure peu. On assiste à un zapping des sentiments. Consommation, plaisir et sentiments.
Ellénore semble porter un masque tragique. C’est l’impression que l’on a au fil de vos pages.
On assiste à une sorte de ballet entre Adolphe et Ellénore, le jeune homme de 22 ans et la femme de 40 ans qui s’abandonne.
Ils s’effleurent. Difficile à montrer par le dessin. Avec un film ce serait plus simple. La BD c’est le cinéma du pauvre. Il y a une part d’érotisme dans cette parade quasi pré-nuptiale, puis dans leur relation bien sûr. Où s’arrête l’érotisme et commence la pornographie ? L’érotisme est censuré alors que la violence est largement diffusée aujourd’hui sur les écrans. Et librement.
Adolphe est un travail précis et précieux. Et ensuite ?
J’aurai aimé avoir plus de temps pour faire cet album. Cinq mois c’est court. Maintenant je travaille sur l’adaptation de Carmilla de Shéridan Le Fanu, une histoire amoureuse entre deux femmes sur fond de vampirisme, très romantique et gothique. Et enfin il y a ma passion du cinéma. J’écris un film ce qui est plus facile qu’une BD. Le réalisateur choisit son angle de vue, son cadrage mais les décors existent, les personnages aussi. En BD il faut tout faire et c’est beaucoup plus compliqué.
Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC
Adolphe, Emmanuel Proust, 15,90 €
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