Idées + est un éditeur gardois de BD dont l’histoire s’inscrit dans à la fois dans le registre de la passion, de la volonté et, ce qui n’est pas rien, de la sagesse des choix. Résultat, Franck Coste, un des fondateurs d’Idées Plus qu’il dirige aujourd’hui, peut savourer (tout en restant prudent) un futur qui s’annonce ensoleillé pour sa maison avec à la clé de beaux albums dans tous les genres. Point d’étape avec Franck Coste. Propos recueillis par Jean-Laurent TRUC.
Franck Coste, pouvez-vous rappeler comment a été créé Idées Plus ?
C’est une association au départ qui réalisait des projets pour des actions caritatives. Un jour avec Marcel Uderzo et Eric Stoffel, on s’est dit pourquoi ne pas faire de la BD qui a toujours été une de mes passions ? Idées Plus est née et on a publié d’abord l’Histoire de l’Aéronautique. Petit à petit, on a développé la série Plein Vol mais aussi la collection Vieux Tacots. On a été très longtemps connu pour nos auteurs et comme maison spécialisée en avions ou voitures.
En quelle année ces débuts ?
En 2009, puis 2014 pour la maison d’éditions. On a continué bien sûr avec nos propres idées de scénario ou amenées par des auteurs. On décidait tous les trois, Marcel Uderzo dessinait pas mal d’albums. On a toujours eu cette capacité à inclure de jeunes auteurs testés sur des collectifs. Jérôme Eho a signé par exemple L’Espion du Jour J et La Fabuleuse histoire de la 2 CV.
2014 est donc le premier tournant d’Idées + totalement vers la BD ?
Oui, on débute en BD et on produit de plus en plus. Huit albums par an, des auteurs comme Francis Bergèse nous avait rejoint pour Histoires de Pilotes et les Batailles aériennes.
Vous étiez assez précurseur en aviation ?
C’est vrai avec un autre éditeur bien connu Paquet, ou Zéphyr aussi pour l’aéronautique. Avec Paquet on communique en fait sur nos projets. La période Covid m’a fait réfléchir à un peu la saturation en la matière donc j’ai ouvert sur d’autres thématiques. On a un partenariat avec une école de Barcelone et je fais travailler de jeunes auteurs ou graphistes qui en sortent. On fait des essais et on fera paraître un artbook d’une très jeune artiste très douée, Nina Xan.
Vous êtes combien de salariés chez Idées Plus ?
On est trois salariés pour la société et des pigistes presque permanents. On travaille beaucoup pour des entreprises avec des BD ciblées, des bâches dessinées. Donc on est aussi parti sur des BD historiques mais pas que d’aventures comme celles d’Oriol Garcia Quera, Sorcières. Il est scénariste et dessinateur. On a d’autres albums avec lui bientôt avec Majorque 1229.
Vous démarchez de nouveaux auteurs ?
On commence à être connu et je reçois beaucoup de projets d’auteurs. Ensuite on choisit en fonction des demandes et de notre réaction au sujet. Un projet inattendu a été celui sur les 100 ans de Boby Lapointe avec la Région. On a bien fait de faire cet album, Au Pays de Boby Lapointe. Il se vend bien. Autre projet, les groupes de musique toulousains avec Nougaro en toile de fond. On travaille avec sa fille. L’année prochaine il y a les 70 ans de la Patrouille de France. On va faire un 4e album avec eux sur le même format que celui de Boby Lapointe pour présenter la Patrouille aux plus jeunes. On aussi travaillé avec l’ALAT, l’Aviation légère de l’armée de Terre. On a réédité les albums de Pascal Davoz, les deux premiers tomes de La Gloire des aigles, sorti le 3 et le tome 4 arrive. Ou signé un contrat avec Mike Ratera qui a sorti chez nous un artbook sur les héros légendaires. Il va faire les super vilains et un album avec un groupe de heavy métal US. Mike sera au dessin. On s’extrait de notre univers. C’est nécessaire.
Il faut être cependant être prudent en choix, gestion, tirage ?
Bien sûr. On tire à 1500 exemplaires quand on ne sait pas trop ce que peut donner l’album. Pour l’histoire de la 2CV on a tiré à 2000 épuisés et on retire à 4000. C’est un album qui se vendra aussi sur la durée. Histoires d’avions de Jean Bellis tourne très forts dans les musées, dans les meetings. C’est vrai que les meetings aériens sont un peu remis en cause actuellement pour des questions de pollution, indice carbone. Je dois anticiper ce genre de problèmes.
Vos objectifs ?
On est vigilant, prudent. On fait attention à nos budgets mais on sait mieux fabriquer. J’ai six imprimeurs en France où on reste d’ailleurs. La distribution c’est Makassar en libraire BD. On évolue pour la pub, se faire connaître par exemple dans les musées. On fait appel à des retraités rémunérées qui tiennent nos stands dans les salons, meetings etc… On multiplie notre présence. Le Covid nous a fait sortir de nos habitudes.
Vos projets ?
Une quinzaine d’albums est prévue en 2023. On prépare un album pour le constructeur auto Alpine et son anniversaire. On va bientôt chez eux en Bretagne. On l’avait fait avec Fiat qui offrait un album aux acheteurs de ses véhicules. L’album Détective Hunter, un polar fiction, inaugure une nouvelle collection. On aime que les auteurs puissent se déplacer, venir en dédicace dans les festivals. Les auteurs sont de plus en plus souvent rémunérés mais l’éditeur est aussi concerné, pas que le festival donc il y a un coût prévisionnel. La vente d’albums sur un salon pour Idées + est très importante. On sera à Alès en juin prochain avec Margerin et dans d’autres salons régionaux sûrement en 2023.
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