C’est un projet ambitieux, décalé et qui rassemble une palette haut de gamme parmi les auteurs les plus remarquables et inventifs du 9e Art. Après un lancement en fanfare à Angoulême, Infinity 8 a dévoilé les premiers fascicules qui seront ensuite publiés en albums des extravagantes aventures stellaires des charmantes, plantureuses et déterminées Yoko Keren ou Stella Moonkicker. Toutes les héroïnes seront de belles plantes et vont s’offrir quelques virées aller-retour dans l’espace temps dont seul leur chef aura le souvenir.
En style participatif, aux plumes et aux crayons on a Lewis Trondheim et Olivier Vatine à l’origine du bébé, Zep, Balez, Biancarelli, Boulet, Trystram, De Felici, Guibert, Killofer, Kris, Davy Mourier et Fabien Vehlmann. Le casting annoncé déjà faisait rêver. Il devait assurer, sauf erreur ou omission, la qualité de l’œuvre, un space opéra rétro qui flirte avec Star Trek version série TV et une façon rigolote, sans contraintes ou tabous de revisiter l’univers de la science-fiction à la française. Chaque fascicule vaut 3,50 € et comporte, pubs détournées, jeux thématique, bonus endiablés. Les trois premiers viennent de sortir chez Rue de Sèvres en collaboration avec Comix Buro.
Dominique Bertail est au dessin de la première aventure, Romance et macchabées, publiée en trois fascicules style comics années cinquante, des pérégrinations hasardeuses du vaisseau Infinity 8 pour accéder à une nouvelle galaxie. Son capitaine est une énorme entité à face de smiley qui va ordonner à l’agent Yoko Keren d’aller jeter un cil sur un amas gigantesque de saloperies qui bloquent le navire. Au passage, un brin hypocondriaque, Yoko cherche l’homme parfait pour se faire faire un lardon. Quand elle déboule dans l’espace elle découvre que ce sont des cimetières ou autres sépultures diverses venues de la Terre partie en morceaux qui bouchent la vue, bourrés de cadavres décomposés. Un détail non négligeable pour les Kornaliens d’Infinity 8 qui ne mangent que de la viande pourrie avec leurs tentacules buccales. Affamés, ils sortent en force du vaisseau. Sauf qu’ils prennent qualités et défauts de leurs petit quatre heure. Et la belle mais énergique Yoko se retrouve avec Sagoss, un Kornalien qui a boulotté le corps d’un gentil bouddha. Du coup Sagoss est amoureux d’elle et lui colle à la combinaison (qu’elle a moulante) pour tenter de ne faire qu’un avec son corps de braise. Trois fascicules pour tout savoir sur le destin de Yoko, Sagoss, d’Infinity et des Kornaliens, qui fait dans la Grande Bouffe pourrie inter-galactique. Dominique Bertail a un dessin qui assure ambiance, atmosphère, graphisme pointu des personnages, et le scénario est totalement débridé avec des créatures extravagantes, sorties d’esprits en roue libre et plein d’humour des auteurs. Bertail a du Léo et du Mézières en lui. On fait pire.
On enchaîne mais il faudra attendre pour Retour vers le Führer et le réveil d’Adolf dans les fascicules 4, 5 et 6 qui sortiront plus tard. Sa tête cryogénisée a été envoyée dans l’espace en 1945 à bords d’un V4 dernière génération. Pas de bol, Infinity 8 tombe sur le missile esquinté. Deuxième mission mais cette fois pour la très nerveuse et expéditive Stella Moonkicker flanquée de son robot flic qui la surveille de près. A bord de l’Infinity 8 il y a des nazis mais qui ont viré leur cutie. Un art de vivre désormais le nazisme mais dans le cimetière qui entoure Infinity 8 (voir épisode précédent) le capitaine, un Thohn Shär (prénom Aret ?), peut explorer par agent interposé une trame temporelle et revenir ou pas en arrière. Les nazis du bord découvrent que dans le grand n’importe quoi extérieur il y a le V4 du taré munichois. A suivre de près mais en 2017.
Ils se sont bien amusés, et ils le voulaient, tous les bienheureux aux plus haut des cieux galactiques qui ont sévi sur la série. Premier degré, humour à chaud et à cru, jeux de mots, références diverses à chercher à la loupe, éclate totale, surprise-surprise à tous les étages de la galaxie. Peheroliens, Veddassiens et autres, les clins d’œil souriants balayent l’espace-temps. Bertail a mis des asticots partout et Vatine a fabriqué un Adolf qui fout encore plus la trouille que l’original. Cet Infinity 8 est une marmite dans laquelle ils ont tous concocté ensemble une sorte de potion magique délirante, un feu d’artifice sous amphétamines mais mine de rien très structurée. Il y aura une fin logique aux huit albums. Seuls les deux premiers seront édités en fascicules.
Infinity 8, Éditions Rue de Sèvres, 3,50 € le fascicule
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