Une histoire vraie, comme seule l’Amérique a pu en mettre en scène. Plus d’esclavage aux USA en ce début de XXe siècle mais un racisme, une ségrégation bien en place, incontournable dans bon nombre d’états sans que cela ne perturbe grand monde. La boxe est en première ligne. Pas de Noirs contre des Blancs, sauf qu’un certain Jack Johnson va mettre de grands coups de poing dans la fourmilière. Sa route, pour un combat, va croiser celle d’un autre cas d’école, Arthur Cravan, aventurier atypique, pugiliste, journaliste, écrivain. Ce sont ces deux destins à la remorque que Grégoire Carlé et Nine Antico, narratrice, ont réunis dans un seul ouvrage. Deux hommes d’exception pour héros, un album d’une richesse graphique incontournable, des teintes et des ambiances comme seul Carlé sait les oser. Un KO technique.
Des combats de boxe en aveugle, le dernier debout a gagné. Jack Arthur Johnson fait ses débuts sur un ring. Doué le colosse, qui commence des combats contre un Blanc dans un coin où la mixité est tolérée. Johnson laisse venir, et bat ses adversaires. Il grimpe Jack, encaisse fric et coups, gagne. Il veut la peau du champion du monde Jim Jeffries. Pas un militant Jack, lui d’abord. Il est vaincu par un tricheur, Russell mais cela ne fait qu’ajouter à sa gloire. Il part en voyage car la prison le menace. Le championnat du monde se profile. Burns monte sur le ring, le combat est filmé. Johnson a compris qu’on pouvait se faire du fric avec le cinéma. Il va jouer et gagner gros.
C’est quand sa carrière décline que le phénomène Jack Arthur Johnson en exil va rencontrer, après bien des aventures, un autre Arthur, Cravan. La guerre de 14 éclate. On est à Paris. Puis à Barcelone en 1916. Il ne leur reste plus qu’à mettre en scène leur futur aux deux Arthur qui ont flairé la bonne combine. Des pleines pages de leur combat, Cravan est un pantin sanglant face à Johnson. Désertion, Trotski figurant, l’oncle Oscar Wilde. Cravan le poète désaxé, Johnson le précurseur. On se laisse mener sans résister par Carlé et Antico dans ce récit abrupt dont la postface signée par Emmanuel Pollaud-Dulian éclaire parfaitement le contexte.
Il était 2 fois Arthur, Dupuis, Aire Libre, 29,95 €
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