Un Allemand, blessé pendant la guerre de 14, son meilleur ami tué à ses côtés, entreprend un voyage vers l’Indochine où il pense qu’il peut oublier et retrouver la paix. Erreur, le boche passe mal dans les rizières francophiles. Werner va pourtant rencontrer l’ombre du bonheur dans un environnement concentrationnaire et fantastique. Loo Hui Phang (L’Odeur des garçons affamés) et Philippe Dupuy au dessin signent Nuages et pluie, un conte à la fois réaliste et sensuel parsemé de démons dévoreurs d’âme.
Werner est blessé dans les tranchées par la balle qui vient de tuer son ami, Georg. Désormais son fantôme le suit pas à pas et un dialogue s’établit entre eux deux. Quand Werner arrive à Saigon il pense qu’il va pouvoir revivre mais on le chasse et seul un industriel laotien lui offre du travail dans une cité fermée ou des détenus muets s’activent. Werner sera logé dans un bungalow près d’un petit lac où il voit une jeune femme se baigner. C’est une famille chinoise qui est propriétaire de cette usine qui a tout d’un camp de concentration nazi avant la date. Werner devient l’amant de la jeune femme que l’on dit malade d’un mal puissant. Une curieuse cicatrice apparait sur la poitrine de Werner. Quand arrive Béla, un Hongrois, Werner va voir son destin se transformer.
Un vampirisme subtil sur fond de philosophie orientale, l’amour en rêve, la torture par l’espérance, la jeunesse éternelle, il y a dans ce conte un côté shakespearien. La jeune fille est une sorte de Lady Mac Beth mâtinée de Dracula, avide de la jeunesse et du plaisir que des hommes jeunes lui donnent à leurs risques et périls. L’amour sera-t-il le plus fort ? Un dessin léger mais marqué quand il le faut par un trait réaliste sans ambiguïté, on est pris jusqu’au dénouement final par cette ambiance envoutante et terrifiante.
Nuages et pluie, Futuropolis, 21,50 €
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